
La voie à suivre pour obtenir un poste titulaire à l’université en France est assez semblable à celle d’autres régions du monde. C’est un parcours où l’incertitude est difficile à maîtriser ; un parcours avec tellement d’obstacles qu’obtenir la titularisation s’apparente à partir à la « quête du Saint Graal ».
Un an après le début de mon doctorat, j’ai commencé à me demander si j’avais fait une grande bêtise. Mais attention, j’adorais la recherche, je l’adore toujours, mais c’est à peu près à ce moment-là que j’ai pris conscience des rouages invisibles qui guident le milieu universitaire.
Ceux qui connaissent bien ce monde savent que la culture dominante est alimentée par une concurrence acharnée.
— Il n’est pas rare de travailler « quasi gratuitement » ;
— Il faut absolument « publier ou périr (bien qu’il ne soit pas rare de publier et périr quand même) ;
— Vous travaillez jusqu’à l’épuisement. Ou jusqu’à devenir fou. Ou les deux.
J’aurais pu suivre cette voie. J’aurais été prête à devenir folle si j’avais été sûre de ce qui m’attendait après des années d’études et de recherche. J’aurais pu aller jusqu’au bout du monde parce que, dans le milieu universitaire, c’est à nous de suivre les « jobs », peu importe où ils nous mènent.
À 25 ans, c’est plutôt cool de « découvrir le monde » et de « vivre pour son travail », en mangeant des nouilles tous les jours. Le problème est que j’avais dépassé mes 30 ans quand j’ai soutenu ma thèse et j’avais des enfants, donc les choses étaient un peu plus compliquées.
Mon partenaire non plus n’était pas satisfait de son travail. Il était important pour nous de décider de l’endroit où nous allions vivre et de l’environnement dans lequel nous allions élever nos enfants.
Nous voulions avoir plus de contrôle sur la façon dont nous utilisions notre temps. Nous voulions des horaires plus flexibles. Comme l’a dit Henry James, il était « temps devivre la vie que nous avions imaginée ».
Un beau jour, nous avons laissé tout cela derrière. Nous aurions probablement dû mourir de peur, mais jamais nous ne nous sommes sentis aussi libérés.
Comme c’est souvent le cas lorsque l’on prend des « décisions insensées », les réactions de notre famille et de nos amis ont varié de la confusion à l’inquiétude : « Est-ce que nous y arriverions ? » Mais nous l’avons fait. Et nous devons tout cela à un mode de vie minimaliste.
La découverte du minimalisme a été l’une de nos plus grandes leçons de vie : ce qui a commencé comme une solution à un avenir incertain est rapidement devenu une habitude.
Nous nous sommes vite rendu compte que nous n’avions pas besoin de la moitié de nos possessions. Nous avons vite appris la différence entre les besoins et les désirs. C’était un excellent point de départ.
La vie minimaliste nous a donné plus de liberté financière et plus de temps. Elle nous a rendus plus créatifs. Elle a stimulé notre imagination. Pratiquer le minimalisme avec nos enfants était donc une évidence.
Pratiquer le minimalisme avec les enfants
Il existe une idée fausse selon laquelle le minimalisme et les enfants ne vont pas de pair. C’est faux. Pratiquer le minimalisme en famille présente de nombreux avantages, et certaines études ont démontré l’importance de cette pratique.
Le minimalisme en famille n’est pas synonyme de « frugalité extrême ». Il s’agit de :
- Consacrer plus d’argent aux besoins vraiment essentiels ;
- Faire plus avec moins ;
- Trouver l’équilibre entre dépenser son temps, son énergie et son argent sur les choses qui comptent vraiment et éliminer celles qui sont inutiles ;
- Profiter de plaisirs simples ;
- Trouver et créer des alternatives.
Ce que nous avons appris de la pratique du minimalisme en famille

1. Le minimalisme n’est pas du fanatisme. Pratiquer le minimalisme extrême avec des enfants n’est pas impossible, mais est difficile.
Bien que nous soyons adeptes d’un mode de vie minimaliste, nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire d’adopter une approche extrême. D’ailleurs, j’ai toujours beaucoup de mal à me séparer de mes livres :).
2. Petit à petit, l’oiseau fait son nid. C’est un véritable paradoxe : plus les enfants ont de jouets, moins ils jouent avec. Cela dit, il peut être difficile pour eux de se séparer des leurs.
Il est donc important d’y aller doucement et de les laisser participer à la purge. Par exemple, vous pouvez commencer par une chose à la fois – jouets, vêtements, livres – en leur demandant de choisir ce qu’ils souhaitent donner.
3. Soyez le changement. Ne dites pas une chose et faire le contraire. Si vous voulez être un exemple pour vos enfants, commencez par désencombrer votre propre vie. Séparez-vous des choses dont vous n’avez plus besoin. Achetez moins. Faites-leur découvrir le minimalisme en famille à partir de vos propres actions.
4. Expliquez. Le minimalisme ne consiste pas seulement à faire plus avec moins, c’est un mode de vie. Expliquez les avantages à vos enfants. Dites-leur ce que vous faites avec leurs affaires. Dites-leur pourquoi le minimalisme est important pour vous et pour eux.
5. Préparez-vous à d’éventuels échecs. L’adoption d’une approche minimaliste ne garantit pas que votre famille élargie et même immédiate le fera aussi. Cela reste, avant tout, un choix personnel. Vous ne pouvez pas forcer votre partenaire ou vos enfants à adopter une approche minimaliste s’ils ne le souhaitent pas.
Il y aura énormément de tentations. Les revers peuvent également provenir d’autres membres de la famille, en particulier des grands-parents. Donnez-leur des idées cadeaux non matérielles (entrées pour les spectacles, zoo, cinéma). Sachez quand vous devez défendre votre choix et quand il faut lâcher prise.
6. Trouvez des moyens innovants de remplacer des objets. Plus jeune, notre fils était un grand fan de LEGO et de Harry Potter. Alors naturellement, dès qu’il a vu le château de Poudlard en LEGO, il l’a voulu.
Nous avons été agréablement surpris lorsqu’il a accepté notre proposition de construire le château en carton. Non, il n’avait rien à voir avec le château de Poudlard, mais nous nous sommes tous amusés à le créer. Et, plus important, il n’a plus demandé le château en LEGO ;).
7. Parlez-en à votre famille et à vos amis. Il est important de parler aux membres de votre famille : vos habitudes ne sont peut-être pas les leurs.
En ce qui concerne les cadeaux, nous avons réussi à convaincre certains membres de la famille de mettre en commun nos ressources pour acheter moins, mais mieux. Parfois ils jouent le jeu, parfois non, mais ce n’est pas trop grave.
Laisser quelques jouets chez les grands-parents est une autre astuce qui peut vous aider à pratiquer le minimalisme.
8. Rien n’est jamais vraiment fini. Soyez prêts. Il va falloir répéter. Puis répéter. Puis répéter…

5 conseils pratiques pour pratiquer le minimalisme en famille
Beaucoup pensent que pratiquer le minimalisme avec les enfants est une tâche quasi impossible. Mais la vérité est qu’il est possible de pratiquer le minimalisme en modifiant votre perception de ce dont votre famille et vos enfants ont réellement besoin pour s’épanouir.
Voici cinq astuces simples à mettre en place dès aujourd’hui pour adopter un style minimaliste en famille.
1) Réduisez le nombre de jouets
Un groupe de chercheurs a créé une garderie sans jouets en Allemagne afin de déterminer l’impact des jouets sur le comportement des enfants. Ces derniers n’ont eu que des objets de première nécessité, tels que des couvertures et des meubles, pendant trois mois.
Lorsque les chercheurs ont évalué les enfants après la période de trois mois, ils ont constaté que l’absence de jouets stimulait la créativité. Les enfants qui avaient participé à l’étude avaient également gagné en confiance en soi et avaient de meilleures capacités de réflexion.
Réduire le nombre de jouets les a aidés à développer des compétences importantes, telles que la résolution de problèmes et l’imagination. Plusieurs études ont montré que moins les enfants ont de jouets, plus ils vont chercher d’autres moyens pour occuper leurs temps.
Adopter une règle relative aux jouets est un moyen facile de commencer si vous souhaitez pratiquer le minimalisme avec vos enfants.
Vous pouvez décider du nombre de jouets qu’ils peuvent avoir à la fois (de nombreux parents appliquent la règle des 20 jouets, mais vous pouvez en choisir moins), puis ranger les autres jouets et les alterner ultérieurement.
Il existe de nombreuses autres bonnes idées pour vous aider à réduire le nombre de jouets de votre enfant.
2) Encouragez vos enfants à désencombrer
Si vos enfants sont comme les miens, ils dessinent environ 10 images par jour, puis veulent toutes les conserver. Expliquez pourquoi ils ne peuvent pas tout garder, puis décidez ensemble du nombre d’images qu’ils peuvent conserver à un moment donné.
Vous pouvez aussi donner un classeur à chaque enfant pour garder ses images avec une seule règle : ce dernier doit pouvoir se fermer.
Vous pouvez également leur proposer un livre de dessin plutôt que des feuilles libres.
3) Ne gardez pas tout !
Nous voulons tous garder les affaires de nos enfants pour des souvenirs, mais c’est une très mauvaise idée. Ne choisissez que ce que vous pensez qu’ils apprécieront plus tard, et n’exagérez pas.
4) Une « garde-robe minimaliste » est une façon facile d’appliquer le minimalisme en famille

La plupart des enfants ont leurs « vêtements préférés », et il y a énormément d’habits que l’on découvre dans leurs armoires quand ils sont devenus trop petits !
Avoir trop de vêtements est coûteux et ne sert à rien (bon, sauf si vous aimez le rangement).
Une garde-robe minimaliste permet à votre enfant de s’habiller plus facilement, réduit l’encombrement et le temps passé à ranger et vous permet d’économiser de l’argent !
Voici quelques conseils pour vous aider :
- Achetez moins d’articles, mais de meilleure qualité qui dureront plus longtemps ;
- Déterminez le nombre de vêtements dont votre enfant a réellement besoin et n’achetez que ceux-ci. Notre famille a souvent utilisé la règle des 4 vêtements comme guide (4 shorts, 4 t-shirts à manches courtes, 4 t-shirts à manches longues, etc.) avec de légères variations. Déterminez quelles sont les règles qui conviennent le mieux à votre famille, puis essayez de vous y tenir ;
- N’achetez pas de vêtements que vous voulez que votre enfant porte (nous en sommes tous coupables !) – achetez-leur des vêtements qu’ils porteront réellement.
5) Privilégiez les expériences aux cadeaux
Des chercheurs de l’université Cornell ont découvert que les gens ont tendance à se souvenir de leurs expériences avec plus d’affection que pour des cadeaux matériels. Ils se souviennent des moments passés ensemble plus que des choses qu’ils ont reçues. Et, les expériences prennent moins de place dans la maison !
Chaque année, notre fils qui est adolescent reçoit un carnet de coupons et il aime récupérer ses cadeaux immatériels qu’il peut utiliser tout au long de l’année.
L’avantage des coupons, c’est que vous pouvez les adapter à la personnalité de votre enfant pour lui garantir le cadeau d’anniversaire ou de Noël parfait. Voici un carnet de coupons à remplir à télécharger gratuitement.
Réflexions finales sur le minimalisme en famille
Le minimalisme en famille est possible même avec les plus jeunes enfants, mais ils apprennent mieux lorsqu’ils voient votre style de vie minimaliste. Adopter le minimalisme avec les enfants commence donc par adopter vous-même un style minimaliste.
Quelles sont vos astuces pour pratiquer le minimalisme en famille ? Dites-le-nous dans la partie commentaires ci-dessous.
Références et lectures complémentaires
Créer quand on en a moins : l’impact de la rareté des ressources sur la créativité


Laisser un commentaire