
Parfois, les expériences sur des êtres humains tournent mal. En 1936, un groupe de chercheurs a souhaité mieux comprendre pourquoi les enfants bégaient. L’étude[1] entraînera une détérioration de la parole chez les enfants qui n’avaient auparavant aucun problème de bégaiement et un traumatisme psychologique qui aura un impact durable sur la vie de plusieurs participants.
Des années plus tard, certains des enfants qui avaient participé à l’étude ont déclaré que cela « avait ruiné leur vie » ou entraîné une détresse émotionnelle de longue durée.
Le chercheur principal de l’étude, Johnson Wendell, était lui-même un bègue, et il espérait que ses recherches aideraient à découvrir les raisons du bégaiement.
Au départ, son expérience s’intéressait à une question simple : est-ce que le bégaiement est une habitude acquise ou est-il, au contraire, un fait biologique et donc inné ?
22 orphelins, dont des enfants de cinq ans à peine, ont été sélectionnés pour participer à l’étude sans leur consentement. De plus, personne n’était au courant des objectifs de cette étude. Alors que certains des participants avaient des problèmes de bégaiement, d’autres ne présentaient aucun trouble du langage.
Pour déterminer si le bégaiement était un problème d’éducation ou de nature, les participants ont été divisés en deux groupes, chaque groupe comprenant à la fois des enfants qui avaient un problème de bégaiement et d’autres qui n’en avaient pas. Au premier groupe a été donné le nom de « locuteurs normaux » et au deuxième de « bègues ».
Les enfants du premier groupe ont été traités comme des « locuteurs normaux », qu’ils aient ou non un problème de bégaiement. Les chercheurs les ont régulièrement félicités pour leur capacité à bien parler.
Les enfants du deuxième groupe étaient tous considérés comme ayant des problèmes de bégaiement, que cela soit vrai ou non. Ils ont été critiqués pour leur mauvaise élocution et on leur a dit « de ne parler que s’ils pouvaient le faire correctement ».
Dans le monde de la recherche, aujourd’hui, l’étude de Johnson est communément reconnue sous le nom de « l’étude monstre » en raison de l’impact qu’elle aurait eu sur les enfants qui y ont participé.
Alors qu’il n’y avait guère d’amélioration chez les enfants du groupe « locuteurs normaux », l’étude a ruiné la vie de la majorité des enfants du groupe « bègues ». Tous, sauf un, ont développé des problèmes d’élocution, ils se sont repliés sur eux-mêmes et certains ont même cessé de parler.
L’étude Monster n’aurait jamais dû exister, mais elle a aidé à mettre en évidence les effets néfastes du conditionnement négatif.
Alors que les effets bénéfiques du renforcement positif ont été plutôt insignifiants dans cette étude, d’autres études ont montré que lorsque vous renforcez un comportement positif chez votre enfant, plutôt que d’utiliser un renforcement négatif, il y a plus de chance que son comportement change.
Plusieurs recherches scientifiques ont montré que s’il est appliqué correctement, le renforcement positif peut aider à réduire ou à éliminer toute sorte de comportements inappropriés chez les enfants en renforçant des comportements positifs spécifiques.
De nombreuses études[2] scientifiques ont révélé que se concentrer sur un comportement positif – plutôt que sur un comportement négatif – est une stratégie très efficace qui peut aider à réduire les comportements inappropriés chez les enfants.
Le renforcement positif consiste à donner à votre enfant un renfort (matériel ou immatériel) lorsqu’il affiche les comportements attendus. Cela dit, de nombreux parents appliquent cette stratégie de manière inadaptée, ce qui signifie qu’elle est souvent moins efficace qu’elle ne devrait l’être.
Voici quelques conseils pour vous aider à utiliser le renforcement positif pour obtenir un changement de comportement chez votre enfant.
Les enfants : comment obtenir le comportement que vous voulez

1) Avoir un plan
Le renforcement positif ne peut pas être efficace sans un plan. Dit autrement, il faut bien identifier le comportement exact que vous jugez problématique, le comportement exact que vous jugez « non-problématique » et déterminer le temps nécessaire pour obtenir le comportement souhaité.
2) Le renforcement positif n’a rien à voir avec le soudoiement
De nombreux détracteurs de cette approche suggèrent que cette stratégie est synonyme de soudoyer un enfant. Je ne suis pas d’accord. Le renforcement positif n’a rien à voir avec le fait « d’acheter » un enfant, mais il est vrai que la frontière entre les deux peut parfois sembler floue.
Si vous donnez à votre enfant un renfort (par exemple un cadeau, des bonbons) pour mettre fin à son comportement inapproprié lorsque vous faites vos courses, c’est du soudoiement. Un tel acte apprend à votre enfant que pour obtenir des bonbons, il suffit de se comporter de façon inappropriée lorsque vous faites des courses.
En d’autres termes et en réalité, un tel acte renforce son comportement négatif.
Le renforcement positif ne consiste pas à contrôler le comportement de votre enfant « dans le feu de l’action ». Dans l’exemple cité, il s’agit de lui expliquer clairement ce qui est attendu de lui avant de partir faire les courses, puis de renforcer ce comportement précis lorsqu’il est affiché, après les courses. Il s’agit de s’attendre à un bon comportement plutôt que de récompenser un mauvais comportement.
3) Choisir des renforts appropriés augmente vos chances de succès
Si vous voulez que votre stratégie de renforcement positif fonctionne, il faut être très attentif aux renforts sélectionnés.
Ceux-ci ne devront pas nécessairement être matériels ; votre enfant peut également apprécier des cadeaux immatériels tels que des câlins, du temps privilégié passé avec maman ou papa, d’avoir du temps supplémentaire pour regarder son émission préférée ou jouer à son jeu vidéo, des privilèges supplémentaires et ainsi de suite.
Choisir les renforts avec votre enfant garantira que seuls les renforts valorisés figurent sur la liste.
4) Adoptez une stratégie de renforcement positif personnalisée
Les stratégies de discipline sont plus efficaces lorsqu’elles sont personnalisées, et la stratégie de renforcement positif n’est pas différente.
Choisissez une stratégie différente pour chacun de vos enfants – Quel comportement essayez-vous de changer ? Quel comportement aimeriez-vous voir ? Comment allez-vous renforcer celui-ci ?
Aussi, il est important de savoir que le renforcement positif fonctionne mieux avec les jeunes enfants (jusqu’à environ neuf ans).
De plus, ce public n’est pas connu pour sa patience, donc des récompenses plus petites et plus régulières seront plus efficaces que des récompenses plus importantes pour lesquelles ils devront attendre longtemps.
5) Renforcez immédiatement après le comportement
Lorsque vous renforcez le bon comportement de votre enfant immédiatement après qu’il s’est produit, vous l’aidez à établir un lien entre le comportement et le renfort.
En d’autres termes, cela l’aide à comprendre le comportement attendu de lui. De longs délais entre le comportement et le renfort peuvent mener à la confusion, car votre enfant peut avoir du mal à identifier le comportement récompensé.

6) Le renforcement positif n’est pas la bonne stratégie pour tous les comportements inappropriés
Le renforcement positif est censé aider à éliminer un comportement négatif spécifique et le remplacer avec un comportement positif, et non récompenser votre enfant. Par exemple, si vous payez votre enfant pour faire la moindre tâche ménagère, il ne verra aucun intérêt à continuer si vous arrêtez le paiement.
Certaines études[3] ont montré que payer les enfants pour accomplir des tâches réduit leur motivation intrinsèque.
Bien qu’il ne fasse aucun doute que le renforcement positif fonctionne s’il est appliqué de manière appropriée, il n’est pas censé être une stratégie à vie. Il faut savoir quand l’utiliser et quand arrêter.
Si vous voulez une approche pas à pas pour modifier le comportement de votre enfant de façon efficace, l’outil numérique « Gérer les comportements inappropriés de votre enfant avec la discipline positive » vous propose des conseils pratiques pour appliquer cette stratégie correctement à la maison.
Si vous optez pour le renforcement positif, il ne faut pas oublier que son objectif premier est d’aider votre enfant à remplacer définitivement un comportement négatif par un comportement plus positif.
Cela signifie qu’au fur et à mesure qu’il affiche le comportement attendu, il est important de réduire les renforts, puis de les arrêter complètement une fois le comportement souhaité atteint.
[1] https://ir.uiowa.edu/etd/5352/
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