
Nous faisons tous certaines choses en pensant agir dans l’intérêt de nos enfants. Parfois, par obligation, parce que nous croyons qu’il faut agir d’une certaine manière afin de nous conformer aux attentes sociales, culturelles, scolaires ou même familiales.
Mais le problème est que lorsque nous attendons plus que ce que les enfants peuvent accomplir, nous augmentons le risque qu’ils deviennent trop autocritiques et développent ce que certains spécialistes appellent le « mauvais perfectionnisme ».
Plusieurs études scientifiques ont constaté que trop de pression sur les enfants peut accroître leur quête de perfection et une attitude trop critique envers eux-mêmes, menant même parfois à l’autosabotage.
Dans une étude[1], les chercheurs ont voulu comprendre comment se développe le mauvais perfectionnisme chez les enfants. Ils en ont donc évalué d’âge préscolaire sur une période de cinq ans afin d’analyser l’impact du style parental sur le développement d’un comportement perfectionniste.
Les enfants ont été évalués pour la première fois à l’âge de sept ans, puis à l’âge de 8, 9 et 11 ans. Le parent qui passait le plus de temps avec l’enfant a également participé à l’étude.
Au cours de la première année, les enfants ont été invités à résoudre des énigmes dans un délai donné et les parents ont été informés qu’ils pouvaient les aider s’il le jugeait nécessaire.
Le comportement des parents a ensuite été analysé pour déterminer dans quelle mesure ils ont « pris le contrôle » du jeu, que leurs enfants aient ou non besoin de leur aide. Les chercheurs ont également analysé les rapports écrits des enfants et de leurs parents.
Les résultats ont montré que lorsque les parents étaient intrusifs, c’est-à-dire omniprésents et prenant trop de contrôle, leurs enfants se montraient plus critiques envers eux-mêmes et présentaient également des niveaux plus élevés de dépression et d’anxiété.
Ces enfants avaient constamment l’impression de ne pas être à la hauteur et considéraient que leurs erreurs étaient la preuve qu’ils n’étaient pas « assez bons ». Pire encore, l’étude a montré qu’en grandissant, les tendances perfectionnistes augmentaient.
La bonne nouvelle est que plusieurs stratégies parentales peuvent aider à prévenir les pratiques parentales intrusives. Voici quatre choses à faire dès aujourd’hui.
Comment réduire le développement de « mauvais perfectionnisme » chez les enfants

Ne mettez pas trop de pression
L’étude citée a révélé que plus les enfants ressentaient la pression, plus il y avait le risque d’être dur envers soi-même, et plus le risque de problèmes psychologiques tels que l’anxiété et la dépression augmentait.
Il est donc important que les attentes à l’égard des enfants prennent en compte leur niveau de développement et ce qu’ils sont réellement capables de faire. Dit autrement, avoir des attentes irréalistes ne fera qu’augmenter une attitude trop critique envers soi-même.
Réduire la pression passe par repenser sa conception de « l’excellence ». Cela peut faire référence à l’excellence scolaire, ou celle liée à des activités extrascolaires telles que le sport, la musique ou la danse.
Il faut savoir que si nous mettons l’accent sur l’excellence, les enfants auront plus de mal à admettre ou même à gérer leurs erreurs et leurs échecs, ce qui rendra plus difficile de leur apporter le soutien dont ils ont besoin.
Ne réagissez pas de manière excessive aux erreurs de votre enfant
Lorsque nous attendons trop de nos enfants, nous avons tendance à réagir de manière excessive à leurs erreurs. Mais cela ne fait qu’aggraver les choses.
Lorsque vous et votre enfant commencez à vous concentrer sur les erreurs, il aura tendance à développer ce que la professeure Carole Dweck[2] appelle une « mentalité fixe ». Les personnes ayant cette mentalité considèrent les erreurs comme étant fixes et immuables.
Plutôt que de se concentrer sur les erreurs, aidez votre enfant à développer une « mentalité de croissance » en l’encourageant à considérer les erreurs comme un processus d’apprentissage normal et en l’aidant à mettre l’accent sur ce qu’il peut faire à l’avenir – ou sur les compétences qu’il doit acquérir – pour surmonter les difficultés.

Ne vivez pas votre vie à travers votre enfant
J’aurais adoré apprendre à jouer d’un instrument de musique quand j’étais plus jeune. Je ne l’ai pas fait. Mais ce n’est pas une raison pour obliger mes enfants à devenir des musiciens accomplis.
Bon nombre des choix que nous faisons pour nos enfants sont basés sur nos propres expériences passées, mais cela ne signifie pas qu’ils sont toujours bons pour eux.
Les meilleurs intérêts de nos enfants ne sont pas nécessairement ceux que nous pensons. Avant de pousser les enfants vers une direction donnée, il est important de se demander si nous le faisons pour eux ou plutôt pour réaliser nos rêves inachevés.
Ne soyez pas un parent intrusif
De nombreuses preuves suggèrent que les enfants bénéficient de l’implication des parents dans leur vie, sauf dans les cas où ils sont trop présents.
Comme le soulignent les chercheurs Bredehoft, Clarke et Dawson[3], être trop présent ou trop indulgent peut empêcher les enfants d’atteindre leur plein potentiel. Ils affirment que cette « omniprésence parentale » peut freiner le développement des compétences clés nécessaires pour la vie.
La parentalité intrusive peut être définie par :
- En faire trop pour ses enfants ; les parents intrusifs contrôlent presque tout ce que font leurs enfants et ne leur permettent pas d’acquérir les compétences adaptées à leur âge ;
- « Étouffer votre enfant avec amour », c’est-à-dire lui accorder trop d’attention et l’empêcher de développer les compétences émotionnelles dont il a besoin pour faire face seule à des situations difficiles.
« Aidez-moi à faire seul » est l’une des citations les plus connues de Maria Montessori, qui fait référence à la nécessité de donner aux enfants les outils et les ressources dont ils ont besoin pour réussir seuls.
Par exemple, le fait de laisser les enfants essayer de nouvelles activités par eux-mêmes, en sachant qu’ils peuvent vous demander de l’aide si nécessaire, les aide à développer des compétences importantes. Cela leur permet également de se voir comme des personnes capables de réussite.
Pour éviter d’être trop présent, il est important de laisser votre enfant prendre des décisions adaptées à son âge et d’éviter de contrôler chacune d’elles.
Par exemple, vous pouvez le laisser décider quand faire ses devoirs, prendre sa douche, jouer à ses jeux vidéo, ou même choisir les tâches ménagères à effectuer – il faut juste penser à fournir une structure adaptée (les devoirs doivent être finis avant 18h00 ; pas de jeu après 18h30 ; chaque membre de la famille doit effectuer au moins une tâche par jour/semaine…).
Si nous voulons élever des enfants qui se montrent moins critiques envers eux-mêmes, nous devons leur apprendre que les obstacles sont normaux et, plus important encore, que nous sommes confiants dans le fait qu’ils sont capables de les surmonter.
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Lecture supplémentaire
Ce qu’il faut dire à son enfant pour l’aider à surmonter la peur de l’échec
Quand les parents donnent trop : 3 signes que vous êtes trop impliqué dans la vie de votre enfant
Références scientifiques
[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26919690/
[2] https://srcd.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/cdep.12225
[3]https://www.researchgate.net/publication/237632646_Perceptions_attributed_by_adults_to_parental_overindulgence_during_childhood




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