
Il y a quelques années, mon fils qui était au collège est rentré avec une note exceptionnellement mauvaise. Il avait été absent une semaine et il a eu un contrôle à son retour.
Cette note m’avait énervée surtout parce que je n’avais pas arrêté de lui dire de se renseigner sur les cours qu’il avait loupés et de les rattraper. Pire, j’avais ressenti que cette note ne le perturbait pas autant que moi, et cela m’avait encore plus agacée !
Donc, j’ai fait ce qui me semblait « normal » – je ne l’ai pas lâché, pas une seconde. Je lui ai dit tout ce que je pensais de sa note et de son comportement… Je lui ai rappelé ce que l’on attendait de lui… Je lui ai dit tout ce qu’il risquait de perdre si cela continuait et, bien sûr, comme chaque parent qui se respecte, j’ai sorti quelques menaces… ça a duré un moment. Et puis tout d’un coup, je me suis dit « mais qu’est-ce que je suis en train de faire » ?
Je me suis vite rendu compte que j’étais en train d’infantiliser mon fils et de lui montrer que c’était moi qui avais le pouvoir absolu, tout ça pour une seule mauvaise note.
En réfléchissant, j’ai réalisé que j’avais mal réagi, surtout car il avait rarement de si mauvaises notes. Je me suis dit qu’il avait sûrement été lui aussi déçu, même si cela ne se voyait pas, et que ma réaction n’arrangeait pas les choses.
En le regardant, je pensais « ce n’est pas le type de relation que je souhaite avoir avec mes enfants ». C’est à ce moment que j’ai fait le constat que plus que les « notes exceptionnelles », la priorité pour moi était d’avoir une bonne relation avec mes enfants, aujourd’hui et dans le futur.
Je n’allais pas baisser mes attentes, mais j’allais lui faire plus confiance, j’allais l’écouter davantage pour qu’il puisse se confier à moi et l’aider à comprendre que l’échec dans la vie est normal, et que ce qui compte est notre façon d’y réagir.
Il n’est pas toujours facile de savoir comment se positionner face au comportement de son enfant. Certains auteurs suggèrent qu’il est important d’établir un « pouvoir authentique ».
Le concept de pouvoir authentique se définit de plusieurs façons. Il est fréquemment associé à Gary Zukav[1], qui parle des valeurs propres à l’âme : l’harmonie, la coopération, le partage, comment révérer la Vie… Ce concept a également été utilisé dans le champ de la parentalité.
Que signifie le pouvoir authentique quand on est parent ?
Les auteurs du livre Le pouvoir authentique quand on est parent[2] (en anglais) suggèrent que le fait d’être parent est difficile pour beaucoup d’entre nous, car nous n’avons pas encore appris à trouver le bon équilibre entre la puissance et l’impuissance.
Selon eux, il existe un paradoxe qu’il faut bien comprendre pour avoir de bonnes relations avec ses enfants : nous sommes moins puissants que nous pensons l’être, mais plus puissants que nous ne le pensons.
Quand on est parents, le pouvoir authentique implique certaines choses :
1 | La parentalité est un partenariat
Avoir un pouvoir authentique signifie accepter que le vrai pouvoir ne soit pas synonyme de contrôle.
Nous n’acquérons pas le vrai pouvoir par la domination, mais plutôt en étant en communion avec soi-même et en favorisant des relations fondées sur la confiance, la coopération et l’harmonie.
Avoir un pouvoir authentique signifie puiser dans notre instinct pour créer des rapports de force justes et équitables. Les relations parent-enfant fonctionnent mieux là où le respect mutuel règne.
Lorsque les enfants savent que leur opinion compte, ils sont plus susceptibles de se confier quand quelque chose ne va pas.
De nombreuses études[3] suggèrent que plus on accepte de négocier avec nos enfants, plus les relations parent-enfant sont fortes. Utilisée correctement, la négociation peut être un outil puissant pour résoudre les conflits familiaux.
2 | Trouvez votre propre voie
Le pouvoir authentique consiste à être un parent dont les choix sont guidés par des valeurs personnelles. Il s’agit de trouver sa propre voie et d’être suffisamment courageux pour bloquer toutes les autres.
Avoir ce pouvoir signifie se faire confiance et avoir une idée claire de la relation que vous souhaitez avoir avec votre enfant, aujourd’hui et dans le futur. Cela signifie aussi être conscient du genre d’enfant que vous voulez élever, et du genre de parent que vous voulez être.
3 | Le pouvoir authentique n’a rien à voir avec des menaces et des punitions
Les parents ayant un pouvoir authentique n’ont pas besoin de menace, de manipulation, d’agressivité ou de coercition pour que leurs enfants se comportent d’une certaine manière. Nous n’avons pas besoin de contrôler nos enfants quand ils savent que nous sommes justes, honnêtes et que nous avons leurs meilleurs intérêts à cœur.
Aimer votre enfant n’est pas synonyme de le contrôler. Au contraire, il s’agit d’être clair sur vos attentes, tout en l’écoutant et en étant prêt à changer celles-ci si nécessaire. Il s’agit d’établir des limites clairement définies et de les imposer de manière cohérente, mais bienveillante.
4 | Passez de la parole aux actes
Les parents avec un pouvoir authentique sont dignes de confiance. Ils montrent l’exemple du comportement qu’ils aimeraient voir chez leurs enfants. Par exemple, cela ne sert à rien d’attendre de l’honnêteté de votre enfant si vous n’êtes pas honnête avec lui. Ne dites pas à votre enfant comment il faut qu’il se comporte, montrez-lui !
5 | Sachez ce dont chacun de vos enfants a besoin
Chaque enfant est différent, tant au niveau de la personnalité que des besoins. La meilleure façon de savoir ce dont chacun de vos enfants a besoin est de pratiquer une écoute attentive.
L’écoute attentive est l’une des principales caractéristiques d’un pouvoir authentique. Cela montre à votre enfant que ses idées, ses opinions et ses mots ont de la valeur.
Cela signifie exclure toute distraction pour vraiment se focaliser sur son enfant. Cela veut dire écouter sans jugement, ou sans penser à la façon dont vous devez réagir, ou à la solution que vous allez proposer.
N’oubliez pas que certaines choses qui nous semblent insignifiantes peuvent être très importantes pour nos enfants. Pratiquer une écoute attentive, c’est aussi savoir et accepter quand il faut penser à l’autre plutôt qu’à soi-même.
Il faut être prêt à se poser certaines questions :
- Les critiques aident-elles vraiment ?
- À quoi cela sert-il de souligner tout ce qui ne va pas ?
- Est-il vraiment nécessaire de souligner ce que vous auriez fait différemment ?
Une écoute attentive, c’est aussi savoir quand poser des questions et lesquelles. Vous ne pouvez pas poser les bonnes questions si vous ne savez pas quel est le vrai problème. N’oubliez pas d’écouter les dits et les non-dits.
Avoir un pouvoir authentique consiste à donner à votre enfant le plus de liberté possible, mais dans un cadre bien défini.
Aujourd’hui, on essaie de montrer à nos enfants que l’on sera toujours là pour eux s’ils veulent notre aide, mais que nous ne ferons pas à leur place. Et vous, quel type de relation souhaitez-vous avoir avec votre enfant ?
[2] Le pouvoir authentique quand on est parent
[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19288844




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