
Quelle est la différence entre punir un enfant et le discipliner ? La discipline punitive a souvent des conséquences négatives et elle ne règle presque jamais les problèmes de comportement.
Discipliner et punir votre enfant ne sont pas la même chose, mais la frontière entre les deux est assez floue. Bien que la discipline et la punition cherchent toutes deux à modifier le comportement d’un enfant, la première cherche à lui apprendre ce qui est attendu de lui, et la deuxième cherche à le contrôler.
Discipliner ou punir un enfant ?
Définir la discipline punitive est une entreprise complexe, car un comportement qui peut être perçu comme « normal » par une personne peut être décrit comme « dur » par une autre.
La discipline punitive fait référence à :
- Des critiques répétées ;
- Le fait de crier excessivement et de façon répétée sur votre enfant ;
- Toute forme de violence physique ou verbale qui humilie votre enfant ;
- Toute action dont le but est d’instiller la peur.
En bref, la discipline punitive fait référence à toute approche disciplinaire qui a un impact négatif sur l’estime de soi de votre enfant ou le pousse à agir d’une certaine manière par peur.

Comprendre les approches disciplinaires sévères
« Qu’est-ce qu’une approche disciplinaire sévère ? » est une question complexe qui n’a pas de réponse facile.
Une étude assez récente sur 94 adolescents a démontré qu’un parent trop sévère peut avoir un impact négatif sur le bien-être de son enfant.
Pour évaluer l’impact des stratégies disciplinaires des parents sur leur développement cérébral, ces enfants ont été divisés en différents groupes selon leur exposition ou non à des pratiques parentales sévères et répétées entre 2 à 9 ans.
Les chercheurs ont évalué les pratiques parentales et les niveaux d’anxiété des enfants chaque année. Ils souhaitaient déterminer l’impact des approches disciplinaires sévères sur le développement cérébral à long terme. Ce dernier a été évalué lorsque les adolescents avaient entre 12 et 16 ans.
Ils ont constaté que la structure cérébrale des adolescents qui avaient été soumis à une discipline sévère entre 2 et 9 ans était plus petite que chez ceux dont les parents étaient moins sévères.
En d’autres termes, l’étude a révélé que les approches parentales sévères et répétées ont un impact négatif à long terme sur le développement du cerveau des enfants.
D’autres études sont arrivées à une conclusion similaire :
- La violence physique et le fait de trop crier (de façon répétée) sur les enfants peuvent entraîner des effets négatifs à long terme ;
- Quand les parents sont trop sévères, le risque de troubles mentaux et d’anxiété chez les enfants est plus élevé ;
- Les enfants dont les parents sont physiquement agressifs sont plus susceptibles d’être eux-mêmes agressifs ;
- Une discipline sévère a un impact négatif sur la performance scolaire sur le long terme ;
- Les enfants dont les parents sont trop sévères ont tendance à rechercher la validation de leurs pairs. Ils sont aussi plus susceptibles d’avoir une activité sexuelle précoce et de commettre plus d’actes de délinquance ;
- Les enfants des parents trop sévères sont plus susceptibles de mentir pour éviter la punition, même pour des transgressions mineures.
Cela dit, toutes les études n’ont pas trouvé de lien entre la punition sévère et les résultats négatifs. Par exemple, alors qu’une étude a révélé que les délinquants juvéniles issus de familles démocratiques fonctionnaient mieux que ceux élevés dans un environnement sévère, elle n’a trouvé aucun lien entre leur environnement et leurs problèmes psychologiques.
Les punitions sévères font référence à des abus répétés qui peuvent nuire physiquement ou psychologiquement à votre enfant. Bien que crier de façon occasionnelle sur votre enfant ne le marquera pas à vie, le faire trop souvent peut avoir des effets négatifs à long terme.
Voyons donc quelques exemples de ce à quoi ressemblent la discipline punitive et la discipline non punitive.
Discipline vs punition : à quoi ressemble la discipline punitive ?

L’objectif de la discipline punitive est souvent de garder le contrôle sur votre enfant et de lui montrer qui est « le chef ».
Voici plusieurs caractéristiques communes aux mesures disciplinaires punitives :
- Elles sont souvent disproportionnées par rapport au comportement en cause.
- Elles ne tiennent pas compte du niveau de développement des enfants.
- Elles isolent les enfants et ont un impact négatif sur leur estime de soi.
- Elles instillent la peur.
- Elles impliquent le retrait de l’affection.
- Elles se concentrent sur le contrôle plutôt que sur l’apprentissage d’un comportement approprié.
La bonne nouvelle est qu’il existe de nombreuses stratégies de discipline efficaces qui n’impliquent pas de punitions.
Quelle est la différence entre une approche punitive et une approche non punitive ?
La discipline non punitive consiste à définir les règles de base, puis à tenir votre enfant responsable de son comportement.
Voici certaines de ses caractéristiques :
- Elle privilégie, dans la mesure du possible, les conséquences naturelles – par exemple, si votre enfant ne fait pas ses devoirs parce qu’il jouait à un jeu vidéo, une conséquence naturelle serait « les jeux vidéo ne sont autorisés qu’après les devoirs ».
- Elle prend tout en compte. Nous savons aujourd’hui que plusieurs facteurs influent sur le comportement de votre enfant. L’approche non punitive prend en compte les raisons derrière le comportement de votre enfant.
- Les attentes, les limites et les conséquences sont claires pour toutes les parties concernées.
- Les parents qui utilisent cette stratégie sont ouverts à la discussion et à la négociation quand cela est possible.
Donner un exemple clair de ce à quoi ressemble un comportement punitif n’est pas aussi facile qu’il y paraît. Crier sur votre enfant peut avoir un effet négatif, mais presque tous les parents l’ont fait ou continuent de le faire.
Où faut-il tracer la ligne entre une stratégie de discipline nocive et une stratégie moins nocive ? Voici quelques conseils pour vous aider.
Comment appliquer une discipline non punitive ?

1) Focalisez-vous sur la « discipline » et non sur la « punition » de votre enfant
Il y a une énorme différence entre discipliner et punir votre enfant. La discipline implique l’enseignement, la punition, le contrôle. Soyez honnête à propos de votre approche disciplinaire : enseignez-vous le comportement attendu à votre enfant ou s’agit-il uniquement de le punir ?
2) Rappelez-vous que se concentrer sur un bon comportement augmente les chances que celui-ci se répète
De nombreux parents se concentrent sur le comportement qu’ils veulent éliminer plutôt que sur celui qu’ils souhaitent voir. Plus vous vous focalisez sur un comportement négatif, plus vous le renforcez.
L’inverse est également vrai : se concentrer sur un comportement positif l’augmente.
Le renforcement positif est une stratégie de discipline positive et efficace qui peut vous aider à changer le comportement de votre enfant, mais uniquement si elle est appliquée de façon appropriée.
Il faut être clair sur le comportement à modifier, préparer un tableau de comportements, identifier et établir un calendrier de renforts, et réduire progressivement, puis arrêter le renforcement lorsque votre enfant adopte le comportement attendu de lui.
Cet outil vous expliquera chaque étape à suivre et les pièges à éviter pour adopter cette stratégie disciplinaire correctement.
3) Fixez des attentes et des limites appropriées
Lorsque vous vous attendez à ce que votre enfant fasse plus que ce dont il est capable, il échouera. Une discipline efficace consiste à fixer des limites et des attentes appropriées, puis à identifier les conséquences adéquates lorsque ces limites sont transgressées.
Et puis, il faut rester cohérent – l’incohérence envoie des messages contradictoires à votre enfant et peut aggraver son comportement.
4) Adoptez un comportement positif
Si vous criez de façon régulière sur votre enfant, ne soyez pas surpris s’il commence à crier sur autrui. Si vous lui manquez de respect, il en manquera envers les autres. Pensez aux valeurs qui comptent pour vous et votre famille, puis soyez un modèle de celles-ci.
5) Sachez quand lâcher prise
Votre enfant n’est pas un « petit adulte », ce qui signifie qu’il se comportera comme les enfants sont censés le faire. Bien que certains de ses comportements puissent vous donner l’impression d’un « enfant difficile », n’oubliez pas que c’est cela même qui l’aidera à apprendre à s’exprimer, à agir de manière autonome et même à avoir confiance en ses capacités.
6) Renseignez-vous sur les approches disciplinaires non punitives
De nombreux parents qui choisissent des approches disciplinaires sévères ou punitives le font parce qu’ils les pensent efficaces.
Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils ont eux-mêmes été élevés dans un environnement punitif, ou peut-être parce que ce sont les seules approches qu’ils connaissent. Mais ces genres d’approches ne fonctionnent que rarement sur le long terme.
En d’autres termes, les environnements punitifs n’apprennent pas à votre enfant à choisir par lui-même entre un comportement approprié et inapproprié.
La bonne nouvelle est qu’il existe de nombreuses approches disciplinaires non punitives et efficaces pour vous aider. Renseignez-vous et choisissez-en une qui vous convient.
N’oubliez pas que même si les stratégies de discipline punitive peuvent sembler efficaces sur le court terme, elles entraînent souvent des conséquences négatives à long terme et peuvent avoir un impact négatif sur votre relation avec votre enfant, bien au-delà de l’enfance.
Si vous voulez modifier le comportement de votre enfant, la formation gratuite « La discipline efficace auprès des enfants » peut vous donner quelques astuces pour élaborer une stratégie qui fonctionne.




Merci pour cet article qui nourrit bien mes réflexions de parent !
“Votre enfant n’est pas un « petit adulte »” : C’est intéressant de constater des principes transversaux entre disciplines. En santé environnementale, cette phrase est assez iconique et est souvent mise en avant par l’US EPA et l’OMS notamment : “Children Are Not Little Adults!”.
Etant plus vulnérables aux pollutions environnementales, les enfants ne peuvent pas être considérés comme de simples « adultes en plus fragiles », l’écart est bien plus grand. Les enfants ont besoin de faire l’objet de mesures de protection spécifiques, parce qu’ils présentent des vulnérabilités spécifiques.