
Au début de sa carrière, personne ne croyait que Stephen King pourrait rencontrer du succès. Mais il ne s’est jamais laissé décourager. Dans son mémoire « On Writing » (sur l’écriture), il dit qu’à l’âge de quatorze ans : « Le clou dans mon mur ne supportait plus le poids des lettres de rejet dessus. Je l’ai remplacé par une pique et j’ai continué à écrire. »
Ce n’est qu’après 60 rejets qu’un éditeur a finalement accepté de publier son histoire courte.
Qu’est-ce qui a poussé Stephen King à persister ? Qu’est-ce qui l’a aidé à croire qu’un jour, lui aussi pourrait rencontrer du succès ? Pourquoi a-t-il continué alors que beaucoup d’autres auraient abandonné ? Stephen King n’a jamais baissé les bras parce qu’il était résilient.
La vie est faite de défis imprévus et la capacité de rebondir après avoir connu des revers est qualifiée de résilience. Mais la résilience n’est pas une qualité facile à adopter chez les enfants. Si votre enfant en manque, il peut :
- Avoir du mal à se remettre des défis ;
- S’attarder sur des problèmes et être facilement submergé par des situations difficiles ;
- Adopter de mauvaises stratégies pour faire face aux problèmes qu’il rencontre ;
- Réagir de manière excessive à des situations « normales » ;
- Développer des problèmes tels que ceux liés à un mauvais sommeil ;
- Sembler être toujours en colère, ce qui est souvent une tentative consciente ou inconsciente de camoufler le véritable problème et/ou un signe de son incapacité à réagir de manière appropriée à des situations difficiles sur le plan émotionnel.

Favoriser la résilience des enfants : que dit la recherche ?
Les recherches indiquent que les enfants aujourd’hui éprouvent plus de stress et d’anxiété que jamais auparavant et la situation liée à la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’empirer les choses.
Il y a de plus en plus d’enfants qui consultent pour des raisons psychologiques, ce qui signifie qu’il est plus important que jamais de renforcer leur capacité à surmonter les difficultés.
Renforcer la résilience de votre enfant est un excellent point de départ. De nombreuses études axées sur la résilience chez les enfants sont parvenues à des conclusions semblables. Elles suggèrent que :
- Les relations sociales jouent un rôle déterminant dans la capacité de votre enfant à surmonter des situations difficiles. Plus votre enfant entretient de bonnes relations, plus il lui sera facile de faire face à l’adversité ;
Les relations familiales sont très importantes, mais de bonnes relations sociales avec d’autres personnes de son entourage peuvent également l’aider à faire face aux situations difficiles ;
- Des pratiques telles que la gratitude constituent des facteurs de protection contre les défis de la vie. En d’autres termes, un enfant habitué à exprimer sa gratitude envers autrui peut avoir plus de facilité à surmonter les difficultés ;
- L’intelligence émotionnelle est un indicateur important de la résilience. Cela est peu surprenant : un enfant qui a appris à reconnaître ses émotions et celles d’autrui, et qui a développé une « boîte à outils » pour les gérer de façon efficace, est plus susceptible de surmonter les difficultés qu’il rencontre ;
- Plus votre enfant ressent des émotions positives de façon régulière, plus il y a de fortes chances qu’il arrivera à faire face à des situations difficiles.
Malgré de nombreuses recherches sur la résilience, des zones d’ombre persistent. Par exemple, il est difficile de dire avec certitude si certains facteurs renforcent la résilience ou si, au contraire, les personnes qui sont plus résilientes les développent plus facilement.
Cela dit, la théorie de la résilience suggère que la façon dont votre enfant fait face à un problème est plus importante que le problème en soi. S’il arrive à augmenter sa résilience, il lui sera plus facile de surmonter sa frustration et les défis sur son chemin.
La bonne nouvelle est qu’il existe des astuces simples pour favoriser la résilience chez les enfants. Dans une étude, un groupe de chercheurs a souhaité déterminer si la résilience était une caractéristique innée.
En d’autres termes, ils voulaient savoir si certaines personnes étaient simplement « nées plus résilientes que d’autres » ou si cette capacité pouvait être développée.
Ils ont observé des personnes ayant subi un traumatisme important afin de déterminer quels facteurs (biologiques, sociaux, génétiques, psychologiques ou spirituels) avaient le plus grand impact sur leur capacité à rebondir.
Les chercheurs ont constaté que si la génétique jouait un rôle important dans la capacité des individus à surmonter les difficultés, plus ils avaient de facteurs de protection supplémentaires, plus il leur était facile de faire face à des défis.
Nous savons aujourd’hui qu’il est possible de favoriser la résilience chez les enfants ou, plus exactement, de leur proposer un environnement qui les aide à augmenter cette capacité.
Plus votre enfant participe à des activités qui l’aident à apprendre à gérer son stress, son anxiété et ses émotions difficiles, plus il lui sera facile de s’adapter à des situations difficiles ou de s’en remettre.
En outre, certaines habitudes parentales peuvent renforcer la capacité de votre enfant à gérer plus aisément le stress de la vie quotidienne.

Voici sept choses que vous pouvez commencer à faire dès aujourd’hui pour favoriser la résilience de votre enfant à la maison.
Des astuces simples pour cultiver la résilience de votre enfant
1) Ne l’aidez pas sauf quand il le faut
Aider votre enfant à développer une mentalité résiliente ne consiste pas à éliminer les obstacles sur son chemin. Il devient résilient lorsqu’il est capable de surmonter ceux-ci.
Cela signifie qu’il est important de lui montrer que vous croyez qu’il est capable de réussir et de lui donner l’occasion de faire les choses par lui-même.
Un moyen facile d’y parvenir est de l’encourager à résoudre seul ses problèmes. Vous pourriez dire quelque chose comme « Est-ce que tu peux essayer seul et puis, on verra ensemble ? », ou même l’encourager à donner son avis de façon régulière : « Qu’est-ce qui fonctionnerait selon toi ?/Qu’est-ce que tu ferais à ma place ? »
Une bonne règle à suivre est de poser plus de questions et de donner moins de réponses.
Le fait de sortir votre enfant de sa zone de confort peut également favoriser sa résilience, mais il faut éviter de lui mettre trop de pression. Cela pourrait ressembler à l’encourager à assumer plus de responsabilités à l’école, à assumer une nouvelle tâche ménagère à la maison ou même à essayer une nouvelle activité.
2) Soyez un modèle de résilience
Vous savez maintenant que votre enfant vous regarde en permanence et qu’il apprend de vous – ce n’est pas juste un vieux cliché.
Si vous voulez qu’il fasse preuve de résilience, soyez résilient vous-même. Cela signifie trouver des stratégies positives pour faire face aux situations pénibles et lui dire comment vous les avez gérées malgré vos émotions difficiles.
3) L’augmentation des « moments de bien-être » peut aider à développer la résilience de votre enfant
Des recherches en psychologie positive suggèrent que plus vous vous sentez bien, plus vous vivez longtemps. Dans une étude, 180 autobiographies écrites par des religieuses quand elles avaient vingt ans ont été analysées lorsque ces dernières étaient plus âgées (entre 75 et 95 ans).
Les chercheurs ont constaté que les religieuses qui avaient rapporté les expériences les plus positives (moments de bonheur, d’amour et d’espoir) vivaient jusqu’à 10 ans de plus que celles qui avaient évoqué des expériences négatives.
D’autres études ont révélé que les émotions positives font plus que nous faire vivre plus longtemps. Elles stimulent la créativité, augmentent la concentration et l’attention, facilitent notre capacité à traiter l’information, renforcent la résilience, favorisent l’optimisme, améliorent les capacités cognitives et développent nos capacités de pensée critique.
Selon Barbara Fredrickson, chercheuse bien connue en psychologie positive, les émotions positives aident à développer les ressources sociales, physiques, intellectuelles et psychologiques des enfants. Dans les moments de détresse, votre enfant puise dans ses souvenirs positifs pour s’épanouir.
Un moyen facile de faire en sorte que votre enfant se sente bien est de promouvoir le jeu au quotidien. Fredrickson encourage les parents à offrir à leurs enfants la possibilité d’explorer et de découvrir, d’inventer ou, tout simplement, de s’amuser comme bon leur semble.
Le jeu favorise non seulement l’acquisition de compétences, mais renforce aussi le développement des compétences physiques et cognitives. Voici plusieurs idées que vous faites probablement déjà :
- Assurez-vous que votre enfant a le temps pour jouer tous les jours ;
- Donnez-lui l’occasion de s’engager dans des jeux non structurés, mais stimulants. Il y a de plus grandes chances de développer sa capacité de résolution de problèmes et de créativité lorsqu’il joue de manière moins structurée ;
- Il est aussi important qu’il ait le temps de « ne rien faire ». Le fait de simplement observer le monde qui l’entoure lui fera du bien.
Encourager le bien-être signifie aussi être conscient des points forts de votre enfant et de s’assurer qu’il participe à des activités en lien avec ses intérêts.

4) Prenez le temps de passer des moments privilégiés avec vos enfants
Il n’est pas toujours facile de trouver du temps à passer avec ses enfants. Mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut se permettre d’ignorer. Les enfants les plus résilients entretiennent des relations solides avec leurs parents et savent qu’ils peuvent compter sur leur soutien.
Selon plusieurs études scientifiques, même une relation stable et engagée avec l’un des parents contribue énormément à l’aider à faire face à ses difficultés.
Comme dans n’importe quelle relation, celle parent-enfant doit être constamment entretenue. La bonne nouvelle est que vous n’avez pas à passer des heures chaque jour avec chacun de vos enfants.
Passer même 10 minutes par jour en tête-à-tête avec chacun d’eux peut faire des merveilles. Voici un défi gratuit avec des idées de choses simples que vous pouvez faire chaque jour au cours des 30 prochains jours.
Si mettre de côté un temps tous les jours vous semble trop compliqué, profitez des moments que vous passez ensemble pour être pleinement présent : dans la voiture, lorsque vous l’amenez à ses activités extrascolaires, lorsque vous préparez les repas ensemble, lorsque vous attendez dans une file d’attente, et ainsi de suite.
Les routines et/ou traditions familiales sont également une excellente occasion qui peut aider à renforcer la résilience de toute la famille. Même une simple routine de gratitude où chaque membre de la famille parle des choses pour lesquelles il est reconnaissant avant chaque repas peut aider à renforcer le sentiment de bien-être et de résilience de votre enfant.
Voici quelques routines/traditions familiales qui peuvent vous aider à renforcer vos liens familiaux :
– Une routine du matin ou du soir. Un rituel du matin ou du coucher peut vous aider à renforcer vos liens familiaux. Des rituels simples tels que des câlins, des bisous, des « poignées de main spéciales », des mots spécifiques, etc. seront appréciés de toute la famille.
– Une tradition de lecture à voix haute. Lire ensemble en famille (plutôt que lire séparément à chacun de vos enfants) est un excellent moyen de créer des liens. De plus, cela peut renforcer leurs compétences linguistiques. C’est également une excellente stratégie à adopter si vous avez un enfant qui n’aime pas lire chez vous.
– La réunion de famille (au début de l’année/le premier dimanche de chaque mois/tous les deux mois, etc.) peut aider à souder votre famille. C’est aussi une occasion pour évoquer les attentes de chacun, par exemple les tâches ménagères pour vos enfants, l’argent de poche s’ils en reçoivent, etc.
– Traditions « week-end breakfast ». Chaque samedi ou dimanche matin, pourquoi ne pas faire quelque chose de différent pour le petit déjeuner – brunch, pique-nique, crêpes, etc.
– Établir une « nuit internationale » (ou une « journée internationale ») une fois par mois est un moyen simple d’apprendre à vos enfants des cultures différentes. C’est aussi une excellente façon de les faire participer, car vous pouvez leur demander de rechercher des informations sur le pays à l’honneur : Qu’est-ce qu’ils mangent ? Comment les gens s’habillent-ils là-bas ? Sur quel continent le pays se trouve-t-il ? Quelle est sa capitale ?, etc.
5) Adoptez une mentalité de croissance pour renforcer la résilience de votre enfant
Un enfant qui a une mentalité de croissance pense qu’il est capable de changer les choses et que les obstacles sont surmontables.
La théorie de la mentalité de croissance a été développée par Carol Dweck. Dweck affirme que les retours et réactions que les enfants reçoivent peuvent influencer leur perception de l’échec et de la réussite. Selon elle, il faut toujours lier la réussite aux actions qui mènent à cette dernière.
Par exemple, si votre enfant travaille dur pour son contrôle, plutôt que de simplement le féliciter, il faut lui faire voir le rôle que joue le fait de « travailler dur » dans sa réussite, car c’est ce qui lui permettra de comprendre la relation entre son comportement et ses résultats.
Adopter une mentalité de croissance signifie également apprendre à votre enfant à se concentrer sur le futur plutôt que de s’attarder sur le passé. En d’autres termes, apprendre à réfléchir sur « ce qu’il va faire la prochaine fois » ou « ce qu’il changera la prochaine fois » ? l’aidera à devenir plus résilient.

6) Permettez à votre enfant d’être responsable de ses choix renforcera sa résilience
Nous essayons tous de temps en temps de résoudre les problèmes de nos enfants. Cela pourrait ressembler à :
- Remplacer les jouets qu’ils cassent même après les avoir avertis que leur façon de jouer risque de les abimer ;
- Leur acheter des choses que vous ne devriez pas, parce que vous « ne supportez pas de les voir tristes » ;
- Faire leurs devoirs ou les aider plus que vous ne le devriez pour tout un tas de raisons.
Ne pas tenir votre enfant responsable de ses erreurs ne l’aide pas à développer une mentalité résiliente. Pire encore, cela lui apprend qu’il y aura toujours quelqu’un pour enlever les obstacles sur son chemin.
Le laisser subir les conséquences de ses actes est un moyen efficace de lui apprendre l’impact de ses choix et d’augmenter sa résilience. Expliquez vos limites, puis laissez-le prendre ses propres décisions et en subir les conséquences.
7) Soyez attentif à l’impuissance apprise
Les expériences de votre enfant influencent son comportement, aujourd’hui et demain. Si ces expériences sont constamment négatives, il apprend que l’effort ne sert à rien. Il apprend à abandonner avant même de commencer. C’est ce que Martin Seligman et ses collègues appellent l’impuissance apprise.
Un enfant qui se sent impuissant :
- Est constamment pessimiste – il pense que ses efforts ne feront aucune différence, donc il n’essaie même pas ;
- Manque de motivation et doit être poussé pour faire la moindre chose ;
- Doute de ses compétences et pense qu’il n’a pas ce qu’il faut pour réussir ;
- Se focalise toujours sur ses points faibles plutôt que sur ses points forts.
Pour prévenir l’impuissance acquise, il est important que votre enfant rencontre du succès assez régulièrement. Cela implique de définir des attentes appropriées qui tiennent compte de ses compétences, ses capacités et son niveau réel de développement.
Il est également important qu’il développe un style explicatif optimiste, c’est-à-dire qu’il comprenne qu’il peut contrôler la façon dont il réagit aux revers de sa vie et que ces derniers ne sont que des défis temporaires qui passeront.

Quand devriez-vous vous inquiéter du manque de résilience de votre enfant ?
Il n’est pas rare que le niveau de résilience des enfants varie, ce qui signifie que votre enfant peut faire face aux différents défis de manières très différentes. Cependant, il y a de fortes chances que les enfants résilients puissent surmonter des situations difficiles plus facilement que ceux qui ne le sont pas.
Alors que la plupart des enfants ont tendance à renforcer leur résilience en grandissant, certains ont beaucoup plus de mal à faire face à l’échec et aux défis quotidiens. Cela pourrait ressembler à :
- Une incapacité à surmonter les défis, même avec votre aide ;
- Des réactions constamment exagérées par rapport à la réalité de la situation ;
- Une incapacité à surmonter des situations qui se sont produites il y a des semaines, voire des mois ;
- Une incapacité de fonctionner « normalement » en raison d’un évènement dans sa vie.
La règle générale est que si vous êtes inquiet, ou si vous vous sentez dépassé par le comportement de votre enfant, il faut demander l’aide d’un professionnel. Commencez par consulter votre médecin traitant qui vous aidera à déterminer si le comportement de votre enfant peut s’expliquer par autre chose.
N’oubliez pas que comme toutes les habitudes, sa résilience se développera avec le temps et que renforcer ses facteurs de protection lui permettra de faire face plus facilement à l’échec et aux obstacles.
Références et lecture supplementaire
La résilience psychologique : Une analyse, des définitions, des concepts et de la théorie
Typologies des familles résilientes : Rôles émergents de la classe sociale et de l’ethnicité
La science de la résilience : implications pour la prévention et le traitement de la dépression
La santé mentale des enfants et des jeunes en Angleterre, 2017 [PAS]
Les enfants qui résistent au stress : La recherche de facteurs de protection
Féliciter l’intelligence peut entraver la motivation et les performances des enfants



Votre exemple sur Stephen King s’appelle le biais du survivant je crois 😉
Merci de votre commentaire Pierre😉
.Merci pour cet article très complet sur la résilience ! Je suis particulièrement sensible à la responsabilité des choix et le droit à l’erreur – L’une ne va pas sans l’autre; s’autoriser à agir tout en étant conscient(e) que ça risque de ne pas marcher, et donc être consciemment prêt(e) à recommencer jusqu’à … Quel bel enseignement ! Je réalise alors que vos conseils s’appliquent aussi parfaitement au développement de la confiance en soi chez les enfants
Merci de votre passage par ici… et un grand merci pour votre beau commentaire 🙂