
Une grande partie du « mauvais comportement » chez les enfants est normale. Les crises de colère sont courantes chez ceux de moins de six ans, les jeunes enfants sont plus impulsifs et ceux qui n’ont pas encore appris à gérer leurs émotions ont davantage tendance à agir de manière agressive.
L’adoption de stratégies disciplinaires adaptées permet souvent de gérer plus facilement une conduite mauvaise, mais tout à fait normale. Toutefois, il peut être difficile de faire la distinction entre le comportement à corriger, celui qu’il faut ignorer et celui qui peut être le signe de quelque chose de plus grave.
Comprendre le “comportement perturbateur” de votre enfant
« Faut-il s’inquiéter du comportement de votre enfant ? » Il n’y a pas de réponse simple. Cela s’explique en partie par le fait que l’enfance est une période pleine d’incertitudes, ce qui signifie que votre enfant peut se montrer colérique ou hyperactif dans certaines situations, mais pas dans d’autres.
Votre fils peut être anxieux à l’idée de changer de classe et être tout à fait à l’aise en commençant une activité périscolaire avec un animateur qu’il n’a jamais vu et dans un endroit qu’il ne connaît pas. Ou votre fille peut avoir du mal à rester attentive en classe, puis être le modèle même de la concentration pendant ses cours de piano.
Cela veut dire qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter si vous constatez des changements fréquents dans le comportement de votre enfant. Toutefois, plusieurs signes avant-coureurs peuvent vous aider à déterminer si vous devez malgré tout vous inquiéter.
Six signes d’un comportement « problématique » chez les enfants
- Durée du comportement
Si votre enfant continue à afficher le même comportement difficile plusieurs jours suivant l’évènement qui l’a provoqué, cela peut être le signe d’un problème. De plus, s’il semble toujours afficher le même comportement quelle que soit la situation (par exemple, il est toujours colérique, rebelle, anxieux, provocant, argumentatif, etc.), cela peut signifier qu’il a besoin d’aide.
2) Intensité du comportement de votre enfant
Les réactions intenses ne sont pas rares chez les enfants, surtout lorsqu’ils sont confrontés à de nouvelles situations. Cependant, il y a lieu de s’inquiéter si celles-ci sont toujours disproportionnées par rapport à la situation réelle. Cela peut ressembler à :
- Un comportement trop accaparant ;
- Des crises de panique face à une situation non menaçante ;
- Des crises violentes et incontrôlables sans raison apparente ;
- Des réactions intenses face à une situation qu’il connaît bien.
3) Comportement nuisible
Un comportement qui a des effets néfastes sur votre enfant ou les personnes dans son entourage doit vous inquiéter. Cela peut impliquer :
- Un comportement d’automutilation (se cogner la tête, s’arracher la peau, etc.) ;
- La casse d’objets ;
- L’agressivité envers autrui ;
- Blesser délibérément des animaux (frapper, maltraiter, etc.).
4) Comportement inapproprié sur le plan du développement
Après l’âge de six ans, les crises de colère sont souvent moins nombreuses et de plus courte durée, car les enfants commencent à mieux gérer leurs émotions. De plus, à mesure qu’ils grandissent, ils peuvent rester concentrés de plus longues périodes et se montrer moins hyperactifs. Le comportement inapproprié de votre enfant sur le plan du développement signifie qu’il a besoin de votre aide pour acquérir certaines compétences qui pourraient lui faire défaut.
5) Contexte dans lequel le comportement de votre enfant se produit
Les enfants ont tendance à se comporter « moins bien » à la maison, car c’est là qu’ils se sentent le plus en sécurité. Il peut y avoir un problème avec le comportement de votre enfant si :
- Vous recevez constamment des rapports de l’école sur son comportement inapproprié ;
- Il se comporte mal partout ;
- Son comportement perturbe votre vie de famille. Par exemple, vos décisions familiales tournent souvent autour de la façon dont il réagira ;
- Ses frères et sœurs ne veulent jamais jouer avec lui à cause de son comportement.
6) Régression
Bien que la régression chez les enfants soit assez courante, elle peut être préoccupante. Cela pourrait ressembler à :
- La reprise de la succion du pouce malgré son arrêt des mois plus tôt ;
- Refuser de faire des choses qu’il maîtrisait (ex. : s’habiller) auparavant ;
- Afficher l’anxiété de séparation en plein milieu de l’année scolaire ;
- Avoir un sommeil perturbé.
De nombreuses preuves suggèrent que la plupart des enfants se comportent « de manière inappropriée » parce qu’ils n’ont pas les compétences dont ils ont besoin pour faire face aux situations difficiles. C’est pourquoi un enfant anxieux va piquer une crise – parce qu’incapable de mettre des mots sur ses émotions –, ou un enfant frustré adoptera un comportement agressif pour tenter de calmer ses sentiments de frustration.
Il n’y a pas lieu de paniquer si vous avez remarqué l’un des signes mentionnés ci-dessus chez votre enfant. Une stratégie de discipline adaptée à son âge suffit souvent à changer même les comportements les « plus difficiles ». Toutefois, plutôt que de considérer que votre enfant a un comportement difficile, il faut le voir comme un enfant qui « n’a pas encore acquis des compétences importantes ».
Voici trois choses que vous pouvez commencer à faire aujourd’hui si vous vous inquiétez du comportement de votre enfant.
Trois conseils pratiques pour gérer le comportement de votre enfant
- Les stratégies de discipline positive peuvent améliorer le comportement de votre enfant
Si vous êtes aux prises avec le comportement négatif de votre enfant, vous savez que les stratégies de discipline sévères fonctionnent rarement. Il existe de nombreuses preuves que les stratégies de discipline positive sont très efficaces face à une mauvaise conduite, car elles :
- Montrent à votre enfant qu’il est capable de réussite ;
- Aident à établir ou rétablir le lien parent/enfant, ce qui lui donne envie de se comporter de manière appropriée pour vous faire plaisir ;
- L’aident à comprendre qu’il est responsable de son propre comportement.
Il est important que votre enfant croie qu’il est capable de se comporter correctement. Ceci est particulièrement important, car il est courant de coller des étiquettes négatives à ceux qui sont « perturbateurs », ce qui leur apprend qu’ils sont incapables de se comporter autrement.
L’effet Pygmalion et l’effet Golem ont démontré que les attentes d’autrui influencent le comportement. Alors que l’effet Pygmalion suggère que le simple fait de croire en la capacité de votre enfant à bien se comporter peut améliorer son comportement, l’effet Golem montre que lorsque vous vous attendez toujours au pire, vos attentes se réalisent.
Le renforcement positif est l’une des stratégies de discipline positive les plus efficaces. Il peut aider votre enfant à croire en sa capacité à « se comporter de manière appropriée ». Cela signifie se concentrer sur son comportement positif et ignorer le négatif quand possible (par exemple, le comportement qui n’est dangereux ni pour lui-même ni pour autrui). Mais le renforcement positif n’a rien à voir avec le fait de « soudoyer » votre enfant pour qu’il agisse de manière appropriée. Il s’agit d’être clair sur le comportement inacceptable et de l’aider à comprendre ce que vous attendez de lui en utilisant d’abord le renforcement positif, puis en l’amenant à se comporter correctement sans renforcement.
Pour être efficace, il faut suivre des étapes bien précises dans l’application de cette stratégie. Il est important de bien choisir le tableau de comportements, d’éviter les pièges les plus courants et d’adopter une posture qui augmente vos chances de réussite. L’outil numérique « Gérer les comportements inappropriés de votre enfant avec la discipline positive » possède toutes les ressources dont vous avez besoin pour appliquer cette stratégie de manière à réduire le comportement problématique de votre enfant.
2) Renforcer les compétences de régulation des émotions de votre enfant peut aider à réduire les comportements difficiles
Les enfants qui n’ont pas appris à gérer leurs émotions sont défavorisés par rapport à ceux qui ont développé ces compétences. Selon les études scientifiques, ils sont plus susceptibles :
- D’afficher un comportement inapproprié face à des situations difficiles (mordre, frapper, se cogner la tête, jeter et casser des objets, etc.) ;
- D’avoir du mal à se faire des amis et à les garder ;
- De « camoufler » leurs émotions. Par exemple, un enfant frustré par ses compétences en lecture peut se montrer agressif envers ses camarades de classe pour cacher ses sentiments (ou il peut croire qu’agir de cette manière l’aidera à se sentir mieux).
Apprendre à votre enfant les différentes émotions est donc essentiel pour réduire ses comportements inappropriés et il n’est jamais trop tôt pour commencer. Il existe de nombreux conseils que vous pouvez mettre en place dès aujourd’hui pour développer son intelligence émotionnelle.
Parler d’émotions est un bon début, mais cela n’est pas suffisant. Votre enfant doit savoir ce qui déclenche ces émotions, comment celles-ci se manifestent dans son corps et, surtout, comment il peut y faire face de manière appropriée. Certains outils proposent tout ce dont vous avez besoin pour stimuler l’intelligence émotionnelle de votre enfant.
3) Un lien parent/enfant fort réduit les comportements perturbateurs
Plus votre enfant ressent que vous partagez un lien fort, plus il essaiera de se comporter de manière à vous faire plaisir. Cela est parfaitement logique : nous faisons de notre mieux lorsque nous sommes parmi des personnes que nous apprécions et dont nous savons qu’elles nous apprécient.
Plusieurs études ont montré que les enfants sont plus perturbateurs lorsqu’ils sentent qu’ils n’ont plus de liens forts avec leurs parents. Une relation tendue leur donne l’impression de « n’avoir plus rien à perdre » et a donc un impact sur leur comportement.
Le rapport de relation 5 : 1 a été développé par les chercheurs Gottman et Levenson. Ce ratio suggère que pour des relations solides, chaque interaction négative nécessite au moins cinq interactions positives. Concrètement, après un reproche, une interaction positive peut ressembler à un câlin, à des éloges autour d’un comportement spécifique, à la lecture d’un livre ensemble, à une promenade avec votre enfant, à la préparation d’un repas ensemble, etc.
Si vous êtes aux prises avec le comportement de votre enfant, renforcer les liens de votre famille est un moyen facile et efficace qui peut aider à réduire les mauvaises conduites. La bonne nouvelle est qu’il existe des solutions simples d’y parvenir :
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- Mettre en place une tradition familiale à laquelle toute la famille peut participer (soirée cinéma, soirée jeux, marathon de lecture en famille, brunch du dimanche, journée crêpes, soirée jeux vidéo, etc.). N’oubliez pas que pour que cela fonctionne, tout le monde doit participer !
- Lancer une routine du matin ou du soir ;
- Trouvez au moins une chose à faire tous les jours pendant cinq minutes avec chacun de vos enfants (ne dites pas simplement que vous le ferez, prenez une feuille et écrivez exactement ce que vous allez faire, quand et avec quel enfant), ou trouvez des pistes ci-dessous.
Quand demander l’aide d’un professionnel pour le comportement de votre enfant
Avant l’âge de neuf ans, la plupart des comportements des enfants peuvent être gérés en adoptant des stratégies disciplinaires appropriées. La clé réside dans votre capacité à identifier les différentes stratégies disciplinaires efficaces et à trouver celles qui fonctionnent pour vous et votre enfant.
Certaines ressources peuvent vous aider à vous familiariser avec les différentes stratégies disciplinaires à adopter dans votre « boîte à outils disciplinaire ».
Cela dit, le comportement de votre enfant peut nécessiter, dans certaines situations, l’intervention d’un professionnel. Il est important de demander de l’aide si son comportement :
- Est dangereux pour lui ou autrui ;
- Cause une grande détresse à lui-même et à votre famille ;
- Interfère avec sa vie scolaire et familiale ;
- Semble empirer malgré toutes vos tentatives pour l’aider.
Une bonne règle est de demander de l’aide chaque fois que vous vous sentez dépassé et incapable de faire face seul à son comportement. N’oubliez pas que cela est rarement lié à vos compétences parentales. Souvent, c’est à cause de certains troubles du comportement ou du tempérament de votre enfant. La bonne nouvelle est que les professionnels peuvent vous aider à adopter une stratégie adaptée à ses besoins.
Références
https://en.wikipedia.org/wiki/Golem_effect
https://www.nwmissouri.edu/library/researchpapers/2013/Pettit,%20Mary%20Jo.pdf


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