
Nul ne peut contester l’impact du conflit persistant sur l’équilibre émotionnel des enfants. Les enfants sont souvent conscients du conflit parental. De plus, ils sont vulnérables à l’impact de ce dernier, qu’il s’agisse d’un conflit verbal, physique ou même silencieux et qu’il les concerne ou pas. Avoir des disputes devant les enfants peut faire des dégâts et avoir de graves répercussions même sur les plus jeunes. De nombreuses preuves vont dans ce sens.
Selon une étude récente, plus que le divorce lui-même, c’est le climat qui précède le divorce qui a un impact négatif sur les enfants. L’étude a utilisé les données de 19 000 enfants et analysé leur comportement, leur intelligence émotionnelle et leurs interactions avec leurs pairs. Les résultats ont démontré que ceux qui ont assisté à des conflits incessants chez eux avaient une plus grande probabilité (30 % en plus) de développer des problèmes comportementaux.
Dans une autre étude, les chercheurs de la Early Intervention Foundation et l’Université de Sussex ont constaté que plus les parents étaient en conflit, plus ils étaient susceptibles d’avoir un comportement agressif envers leurs enfants et moins ils étaient sensibles à leurs besoins.
Les enfants exposés à un conflit persistant courent le risque de multiples conséquences négatives. Ils peuvent soit extérioriser leur détresse sous la forme d’agressivité, d’hostilité, de délinquance et autres formes de comportement antisocial, soit l’intérioriser et ainsi présenter une difficulté à gérer les émotions, une faible estime de soi, de l’anxiété, du retrait, une dépression et, dans des cas extrêmes, des tendances suicidaires. Les enfants habitués à une relation familiale conflictuelle ont également plus de mal à se faire et à garder des amis. Certains suggèrent qu’il est quasiment impossible d’améliorer le comportement d’un enfant dans une famille où les conflits sont fréquents, graves et non résolus.
Selon certaines études, dès six mois, les enfants sont capables de manifester de la détresse lorsque leurs parents rentrent en conflit. Souvent, celle-ci se manifeste sous la forme de réactions émotionnelles telles que la peur, l’anxiété ou la tristesse et peut entraîner des problèmes associés comme des troubles du sommeil.
À mesure qu’ils grandissent, les enfants vivant dans des familles avec des rapports conflictuels fréquents auront plus de mal à s’adapter à un environnement scolaire formel. Des résultats similaires ont été observés par des chercheurs de l’Université de l’Oregon. Ils ont constaté que les nourrissons ont un cerveau très malléable et l’environnement dans lequel ils sont élevés peut avoir un grand impact sur leur développement.
Ces chercheurs ont analysé l’activité cérébrale de vingt nourrissons âgés de six à douze mois. Pendant leur sommeil, un homme leur parlait, soit d’un ton colérique, soit d’un ton neutre. Les chercheurs ont découvert que même pendant leur sommeil, les tonalités émotionnelles ont un impact sur les activités cérébrales des nourrissons. Ils ont également constaté que les cerveaux des nourrissons élevés dans des environnements hautement conflictuels étaient plus sensibles par rapport à la régulation du stress et des émotions. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires, l’étude suggère que le stress subi au début de la vie peut avoir un impact sur les capacités des enfants à réguler leurs émotions par la suite.
Cela dit, les « relations zéro conflit » n’existent pas. Selon la recherche, le problème ne réside pas tant dans le fait d’avoir ou non des conflits, mais plutôt dans la façon dont les parents les gèrent.
4 règles pour mieux gérer les conflits devant les enfants
1 | Les conflits oui, mais pas n’importe comment
Il est possible d’être en conflit et de rester respectueux. Lorsque nous évitons les injures et entretenons des relations calmes et positives pendant un conflit, nous enseignons à nos enfants que ces derniers sont normaux, mais peuvent être résolus de manière calme.
Selon une étude, les enfants exposés aux conflits sociaux sont plus intelligents sur le plan émotionnel que ceux tenus à l’écart des situations de conflit. En d’autres termes, le conflit peut aussi être une occasion d’enseigner aux enfants la gestion des émotions de manière appropriée.
2 | Ne réagissez pas à chaud
Il est difficile d’être calme et objectif lorsque vous êtes fou de rage. Si vous êtes vraiment énervé, faites une pause mentale avant de réagir. Quittez la pièce pendant quelques minutes. Portez votre attention sur autre chose. Prenez quelques respirations profondes. Faites ce qui vous convient le mieux pour vous calmer avant un conflit.
3 | Renouez les liens avec votre enfant après un conflit parental
Comme beaucoup de monde, les enfants ont une écoute assez sélective. Ils maîtrisent l’art de faire la sourde oreille quand vous leur demandez de ranger, mais ils sont toujours conscients de vos conflits, même les plus silencieux. C’est à ce moment-là qu’ils commencent à imaginer toutes sortes de choses : les conflits sont de leur faute et vous allez bientôt vous séparer.
Expliquer le conflit aux enfants les aidera à apprendre que celui-ci fait partie de la vie normale et qu’il n’a rien à voir avec eux. Vous n’avez pas besoin d’entrer dans les détails, mais vous pouvez dire quelque chose comme : « Nous étions fâchés avec papa, mais nous avons discuté et maintenant tout va bien ». Ce genre d’explication peut les aider à comprendre que le conflit est normal, mais surtout qu’il est gérable.
4 | Laissez les enfants vous voir faire la paix
Si vous laissez vos enfants vous voir vous disputer, ils doivent aussi vous voir faire la paix. Laissez-les vous voir faire des câlins et rassurez-les que tout va bien. Faites la paix, mais ne faites pas semblant. Tout le monde saura si ce n’est pas sincère.
Des conflits parentaux persistants peuvent avoir des conséquences néfastes sur des enfants, bien au-delà de l’enfance. Si vous êtes dans une relation très conflictuelle et que vous avez remarqué des problèmes de comportement chez votre enfant, les interventions qui prennent en compte vos conflits entre partenaires peuvent s’avérer plus efficaces que celles qui se concentrent uniquement sur le renforcement de vos compétences parentales.
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Références scientifiques
https://www.york.ac.uk/news-and-events/news/2017/research/rowing-harmful/
http://www.eif.org.uk/inter-parental-relationships/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4580514/
http://web.simmons.edu/~turnerg/Dunn%20et%20al%201991….pdf
J’ai initialement publié ce billet sur le site parent.co.


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