
La seule raison pour laquelle votre médecin vous demande vos symptômes, c’est parce qu’il est incapable de vous aider s’il ne sait pas d’où viennent votre douleur et votre inconfort. Mais, être capable d’identifier ceux-ci ne signifie pas pour autant que le traitement qu’il vous propose fonctionnera la première fois, ou la seconde — parfois, il ne fonctionnera jamais ! Même lorsque les patients savent décrire avec précision leurs symptômes, les cas de diagnostic erroné et d’aggravation des symptômes après le traitement abondent. La vérité est que connaître les symptômes n’est pas toujours synonyme de connaître la cause.
J’aime penser que l’anxiété chez les enfants fonctionne de la même manière. Il est parfois facile d’identifier ce qui se cache derrière l’anxiété de votre enfant — un changement d’école, le début des cours de natation et de musique, un changement de maître ou de maîtresse, le fait de devoir assister à un évènement où il y aura beaucoup de monde ou des inconnus. Il n’est pas surprenant que ces situations provoquent l’anxiété chez votre enfant et il est souvent relativement facile de trouver des astuces pour « combattre le monstre anxiété » lorsque vous savez à quel monstre vous êtes confronté. Mais, bien que votre enfant puisse présenter tous les symptômes de l’anxiété, il arrive parfois qu’il soit difficile de mettre le doigt sur sa source. Faire face à une telle situation peut être assez déroutant.
L’une des crises d’anxiété de notre fille a commencé comme commencerait celle de n’importe quel autre enfant. Elle passait de la grande section au CP et elle avait peur de ce que nous avons vite nommé « l’inconnu ». Elle devrait quitter la maîtresse qu’elle avait eue pendant une période prolongée. Elle allait commencer la lecture. Nous n’aurions plus le droit de l’accompagner jusque dans sa classe. La vie allait devenir « plus sérieuse ».
Nous avons appris à nos enfants que même les émotions les plus difficiles sont normales. Nous avons régulièrement des conversations autour des émotions et avons toujours pensé que tout cela aiderait notre fille à traverser la transition. Mais cela n’a pas fonctionné comme attendu. En effet, bien que le changement ait déclenché l’anxiété, nous n’avons vu que la surface, la pointe de l’iceberg. Même si elle parlait de peurs, les choses qui les déclenchaient changeaient à une vitesse vertigineuse. Nous étions face à un monstre invisible et combattre des monstres invisibles n’est pas chose facile.
L’anxiété peut ruiner la vie de votre enfant si vous la laissez faire. Cela peut le transformer en un enfant effrayé, trop émotif et extrêmement accaparant. Pour faire face à l’anxiété de notre fille lors de la transition de la grande section au CP, ces trois choses nous ont aidés :
1. Nous avons trouvé ce qui fonctionne
Votre enfant peut réagir aux mêmes émotions de manière très différente. Les câlins, les discussions et les mandalas ont toujours su calmer les anxiétés de notre enfant. Cette fois, même eux n’y parvenaient pas. En effet, les jeunes enfants n’associent pas nécessairement « la même émotion » au même « mécanisme d’adaptation ».
Il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles pour les parents qui doivent faire face aux enfants souvent anxieux. La bonne nouvelle est que les mécanismes d’adaptation pour aider votre enfant à gérer son anxiété sont nombreux. La mauvaise est qu’il faut procéder par tâtonnement afin de trouver les mécanismes qui fonctionnent le mieux pour votre enfant dans une situation donnée. Ceux qui sont appropriés sont ceux qui permettent à votre enfant de les utiliser seul et de retrouver le calme.
2. Nous avons décidé de ne pas nous concentrer sur la peur et l’anxiété
Il peut être difficile d’adopter la bonne réaction face à un enfant aux prises avec la peur et l’anxiété. Une réaction courante consiste à essayer de le protéger, mais cette approche présente un grand problème : se concentrer sur le comportement anxieux de votre enfant ne fait que l’aggraver. Plus nous avons parlé d’anxiété à notre fille, plus elle était angoissée. Voici ce que nous avons choisi de faire à la place :
- Nous avons complètement arrêté de parler d’anxiété et de peur. Au lieu de cela, nous avons porté notre attention sur le comportement qui l’aiderait à faire face à cette anxiété. Nous avons parlé de comportements appropriés et fixé des objectifs quotidiens simples pour l’aider à avancer sans parler de peur et d’anxiété.
- Nous avons arrêté de renforcer son comportement en cessant de « traîner dans la cour ». Nous avons commencé à lui montrer que nous savions que tout irait bien et à lui dire que nous étions convaincus qu’elle aurait une journée fantastique. Nous avons arrêté de nous retourner après avoir dit au revoir et cela a fonctionné ; elle est devenue de moins en moins « collante », puis elle a commencé à partir seule.
3. Nous lui avons appris qu’elle pouvait ressentir de la peur tout en continuant à vivre
Personne ne peut se débarrasser des émotions difficiles. Aussi difficiles qu’elles soient, elles jouent un rôle important dans nos vies. Être émotionnellement intelligent ne signifie pas avoir moins d’émotions difficiles ; il s’agit plutôt de réagir de manière appropriée aux situations que nous rencontrons chaque jour et qui provoquent des émotions.
Au lieu de dire à notre fille d’agir et de se comporter comme si elle n’avait pas peur, nous lui avons appris à dire : « J’avais peur aujourd’hui, mais j’ai quand même réussi à… » ou « Je me sentais un peu anxieuse, mais j’ai réussi à… » Nous voulions lui montrer qu’elle pouvait trouver un équilibre, même au milieu des émotions les plus difficiles. Cette stratégie a particulièrement bien fonctionné, car elle lui a fait prendre conscience des options possibles de changement de comportement.
Chaque fois qu’elle montrait le comportement attendu, elle recevait une carte spéciale (par exemple, « J’ai eu peur aujourd’hui, mais je suis quand même allée jouer avec mes amis. »). Ces cartes lui ont permis de comprendre qu’il est possible de se sentir anxieux ou d’avoir peur et de quand même continuer ses « activités normales ». Avoir quelque chose de tangible l’a aidée à évaluer ses progrès et à voir qu’elle était capable de réussir. Elle prenait souvent ses cartes pour les compter, comme un signe de réussite.
Si votre enfant, comme notre fille, est facilement pris de sentiments d’angoisse, il aura besoin de plus d’aide que les autres enfants pour faire face aux changements majeurs de la vie. La bonne nouvelle est qu’il existe un large éventail de stratégies qui peuvent vous fournir les outils dont vous avez besoin pour l’aider à mieux gérer ses épisodes d’anxiété. L’outil « J’accompagne les colères (et autres émotions difficiles) de mon enfant » est spécialement conçu pour vous donner des moyens adaptés aux enfants pour aider le vôtre à mieux gérer les émotions difficiles, telles que la colère et l’anxiété.
N’oubliez pas que si l’anxiété de votre enfant semble s’aggraver malgré votre intervention, s’il affiche un comportement disproportionné ou si vous vous sentez dépassé, un professionnel saura vous aider à identifier des stratégies adaptées à votre situation.


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