
Il a été prouvé maintes et maintes fois que vous pouvez avoir un QI supérieur, mais galérer sur le plan de la gestion de vos émotions ; que l’intelligence cognitive n’est pas synonyme d’intelligence émotionnelle.
- Avant même d’avoir trente ans, Stephen Glass était éditeur adjoint à The New Republic. Considéré comme un journaliste très intelligent, il écrivait des articles fascinants. Mais voilà le problème : la plupart de ses histoires étaient fictives et la majorité des personnages qu’il décrivait n’avaient jamais existé. Il est apparu au cours de l’enquête que Stephen avait lutté contre l’anxiété dès son enfance et que celle-ci avait alimenté une peur démesurée de l’échec. Cette anxiété l’avait poussé à « mentir à tout prix ».
- Ted Kaczynski était un génie des mathématiques, admis à Harvard dès l’âge de seize ans. Pour protester contre la technologie de l’époque, il a envoyé des courriels dans lesquels se trouvaient des bombes. Celles-ci auraient finalement tué trois personnes et blessé vingt-trois.
- Andrew Cunnanam avait un QI de quarante-sept et était connu pour être un menteur pathologique qui racontait des histoires fantastiques sur sa vie. Les rapports comportementaux ont révélé qu’il manquait d’empathie et de remords. Ses violentes réactions avaient déjà conduit à la luxation de l’épaule de sa mère avant qu’il ne devienne un tueur en série, assassinant cinq personnes, dont Gianni Versace.
Il y a de nombreuses années, Aristote a déclaré : « Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. » À l’époque, personne ne parlait d’intelligence émotionnelle. C’est l’étude de Salovey et Mayer qui a mis le quotient émotionnel (QE) au premier plan. Les deux auteurs ont constaté que la manière dont nous percevons, utilisons, comprenons et gérons nos émotions a finalement un impact sur notre comportement et notre satisfaction dans la vie en général.
Ce n’est que lorsque Goleman a publié son livre en 1995, Emotional Intelligence, que le terme QE a été mis au même niveau que le QI. Goleman suggère que plus nous comprenons et gérons nos émotions, plus nous avons de chances de réussir dans la vie. Selon lui, notre capacité à identifier nos émotions et celles des autres, ainsi que la façon dont nous communiquons celles-ci, influence nos relations avec autrui.
D’autres chercheurs ont constaté que l’intelligence émotionnelle peut révolutionner votre monde. Elle peut changer votre façon de voir et de réagir aux situations que vous rencontrez chaque jour. Plus important encore, votre intelligence émotionnelle a également un impact important sur le développement de l’intelligence émotionnelle de votre enfant. Cela détermine comment il apprend à identifier ses émotions et celle des autres et comment il communique autour de ses sentiments.
Qu’est-ce qui distingue les personnes émotionnellement intelligentes des personnes à faible QE ?
Selon Goleman, cinq composantes déterminent si un individu est émotionnellement intelligent ou non :
- La conscience de soi est la capacité de comprendre ses émotions
Il s’agit de votre capacité, non seulement à identifier vos émotions, mais aussi à évaluer celles-ci et leur impact sur votre comportement. Il s’agit également de comprendre comment les autres vous perçoivent. La conscience de soi implique aussi de connaître vos forces et vos faiblesses.
- L’autorégulation ou la maîtrise de soi
La composante autorégulation de l’intelligence émotionnelle fait référence à votre capacité à exercer un contrôle de soi. C’est l’aptitude à réfléchir avant d’agir et à assumer la responsabilité de vos réactions.
En tant que parent, l’autorégulation désigne également votre capacité à réagir de manière appropriée au comportement de votre enfant, même lorsque vous estimez que ce dernier est irrationnel. Par exemple, comprendre qu’une crise de colère est motivée par un besoin spécifique peut vous aider à éviter de réagir avec colère.
- La motivation interne
La troisième composante des individus émotionnellement intelligents est la volonté et la capacité de surmonter les échecs et de continuer à s’efforcer d’atteindre les objectifs fixés. Il s’agit de la capacité à se fixer des objectifs, à faire preuve d’initiative et à persister, même face aux obstacles. Pour élever des enfants émotionnellement intelligents, les parents doivent donc rester optimistes quant à leur capacité à surmonter les obstacles.
- L’empathie
L’empathie est la capacité de ressentir les émotions, les réactions d’autrui et de comprendre ce dont les autres ont besoin. Un parent émotionnellement intelligent est apte à appréhender les inquiétudes et les préoccupations de son enfant et à savoir que celles-ci ont un impact sur son comportement.
- Les aptitudes sociales
En ce qui concerne l’intelligence émotionnelle, la composante « aptitudes sociales » fait référence à la faculté de créer des liens avec les autres, malgré vos différences. Cela nécessite donc des compétences en communication, en résolution de problèmes et de conflits et en coopération, ainsi qu’une capacité de négociation.
Il est maintenant prouvé que l’un des moyens les plus efficaces de développer l’intelligence émotionnelle de votre enfant consiste à modéliser un comportement émotionnellement intelligent. La bonne nouvelle est que l’intelligence émotionnelle s’apprend !
Voici quatre astuces qui peuvent vous aider à cultiver l’intelligence émotionnelle de votre enfant :
1) Réfléchissez sur vos propres émotions
Il est assez courant de croire que les parents sont conscients de toutes leurs émotions, qu’ils savent exactement ce que celles-ci signifient et qu’ils ont appris à les contrôler. Seulement, la vérité est que beaucoup d’entre eux ont du mal à gérer leurs émotions. Cela explique pourquoi nous répondons parfois de manière « odieuse » au comportement de nos enfants, mais aussi pourquoi nous réagissons au comportement normal de nos enfants avec colère ou jugeons celui-ci comme une attaque personnelle.
La conscience de soi, qui est la première composante de l’intelligence émotionnelle selon Goleman, est la capacité à identifier honnêtement vos émotions. Vous pouvez le faire en réfléchissant sur vos émotions, ou même en tenant un « journal d’émotions » pour vous aider à déterminer des tendances récurrentes.
Même si le fait de vous distraire de vos émotions peut vous soulager, cela ne les fera pas disparaître. Savoir ce qui les provoque est donc la première étape si vous voulez réagir de manière appropriée à vos émotions :
- Que prenez-vous personnellement ?
- Qu’est-ce qui vous met en colère ?
- Comment le comportement des autres influence-t-il vos réactions ?
- Qu’est-ce qui vous rend triste ?
- Quels sujets sont délicats pour vous ?
Une deuxième étape importante dans l’apprentissage de vos émotions consiste à identifier vos déclencheurs et les comportements récurrents. Par exemple : « Quand je sens que mon enfant ne m’écoute pas, je me fâche et je commence à crier. ».
Comprendre ce qui provoque vos émotions est important, car il est plus facile de les gérer avant qu’elles ne dégénèrent.
Comment la réflexion sur vos émotions aide votre enfant à développer son intelligence émotionnelle
Être conscient et réfléchir sur vos émotions peut vous aider à comprendre pourquoi vous réagissez comme vous le faites. Cela peut également faciliter les discussions autour des émotions avec votre enfant.
Voici trois choses que vous pouvez faire pour cultiver l’intelligence émotionnelle chez votre enfant :
a) Parlez de vos émotions
Parler de ses émotions est un moyen facile de vous aider à apprendre la gestion des émotions à votre enfant. Vos émotions sont l’occasion de renforcer son intelligence émotionnelle. Celles-ci aident également à expliquer votre comportement. Par exemple, votre anxiété, provoquée par votre peur d’être en retard au travail, peut avoir un impact sur les mouvements de votre corps et même sur la façon dont vous parlez.
Parler à votre enfant de vos émotions et de leur impact sur votre comportement peut augmenter son intelligence émotionnelle. Vous pourriez dire quelque chose comme : « Je parle plus vite parce que j’ai une réunion et j’ai peur d’être en retard. » Cela l’aide à comprendre le lien entre les pensées, les sentiments et les comportements. N’oubliez pas que les jeux constituent également une approche efficace pour favoriser le développement de l’intelligence émotionnelle de votre enfant.
b) Ne cachez pas les émotions difficiles
Réprimer des émotions difficiles ne vous rend pas plus fort. En les cachant, vous perdez l’occasion d’enseigner à votre enfant comment gérer ses propres émotions difficiles. Laissez-le voir votre colère et parlez-en. Prendre la responsabilité de votre colère (« Je suis en colère parce que… ») au lieu d’imposer cette responsabilité à autrui (« Tu me mets en colère… ») apprend à votre enfant à assumer ses émotions.
c) Traitez les émotions comme normales
Traiter les émotions de manière normale apprend à votre enfant que tout le monde éprouve des émotions. Cela signifie qu’il faut accepter à la fois les émotions de votre enfant et les vôtres et lui apprendre qu’avoir des émotions est normal. Vous pouvez dire quelque chose comme : « Je sais que tu es triste. Moi aussi je serais triste si… qu’est-ce que l’on peut faire pour que tu ailles mieux ? ». Cela lui apprend que ses émotions sont valables et lui donne également la possibilité d’y faire face.
Des outils adaptés aux enfants peuvent vous aider à favoriser le développement de l’intelligence émotionnelle du vôtre en lui apprenant à identifier ses émotions et celles des autres, à prendre conscience de ce qui suscite ces émotions et en l’aidant à identifier des stratégies efficaces pour faire face aux différentes émotions.

2) Faites une pause, puis réagissez
Réagir dans le feu de l’action entraîne souvent des réactions inappropriées et cela est vrai autant pour votre enfant que pour vous.
Faire une pause signifie prendre un moment pour réfléchir à votre réponse avant de parler. Autrement dit, il faut comprendre comment certaines émotions peuvent interférer avec votre jugement et les mettre de côté pour évaluer une situation avec plus d’exactitude.
En tant que parent, vous ne pouvez pas réfléchir à toutes les options possibles si vous ne comprenez pas vos émotions et celles de votre enfant. En d’autres termes, votre intelligence émotionnelle peut affecter vos capacités de prise de décisions.
Comment prendre une pause peut aider à développer les compétences en intelligence émotionnelle de votre enfant
L’habitude de prendre une pause peut vous empêcher de réagir dans la colère ou de considérer le comportement de votre enfant comme une attaque personnelle. Si votre réaction est guidée par vos émotions, par exemple si vous criez sur votre enfant parce que vous êtes en colère, vous lui apprenez que de telles réactions sont normales et acceptables. En restant calme, vous lui apprenez qu’il est possible de réagir calmement à ses émotions. Bien que le fait de prendre une pause ne soit pas un remède contre les cris, l’adoption de cette pratique peut vous aider à être plus intentionnel dans votre façon de réagir au comportement de votre enfant.
Une pause peut également vous aider à structurer votre réponse de manière plus positive. Les commentaires constructifs, plutôt que les critiques, sont plus puissants pour réagir à son comportement.
3) Faites preuve d’empathie
L’empathie est une compétence difficile à développer chez les enfants, comme chez les adultes. Il s’agit de la capacité de ressentir ou d’imaginer la douleur d’autrui et d’offrir de l’aide. Nous savons maintenant que même les jeunes enfants peuvent afficher un comportement lié à l’empathie. C’est la capacité de voir les choses du point de vue d’autrui.
Des études récentes ont montré que les enfants peuvent développer des réactions d’empathie relativement tôt. Dans l’une d’entre elles, les chercheurs ont constaté que le comportement lié à l’empathie augmentait au cours de la deuxième année de vie. Les enfants observés étaient capables de montrer des comportements empathiques — ils proposaient des câlins ou avaient l’air tristes face à la détresse d’autrui. Les chercheurs ont également constaté qu’à trois ans, les enfants étaient capables d’exprimer leur inquiétude, verbalement ou par leur expression visuelle face à la détresse d’autrui.
L’empathie ne consiste pas à valider les émotions des autres. Il s’agit d’accepter le fait que différentes personnes peuvent avoir des perspectives différentes. C’est une question de comprendre les sentiments et le comportement d’autrui selon leur point de vue.
Comment utiliser l’empathie pour développer l’intelligence émotionnelle de votre enfant
La modélisation de l’empathie peut aider votre enfant à en apprendre davantage sur les comportements liés à l’empathie. Cela peut être atteint grâce à des activités telles qu’aider les gens quand c’est possible ou même faire preuve d’empathie face à la détresse d’autrui.
Lire des livres sur l’empathie et commenter la détresse des caractères en fonction de leur situation est également un bon moyen d’apprendre l’empathie à votre enfant et de cultiver son intelligence émotionnelle.
Éviter d’étiqueter votre enfant et les autres peut également l’aider à voir les gens d’un point de vue différent.
Apprendre à votre enfant à être un bon ami peut favoriser le développement de l’empathie chez lui. Les amis s’écoutent, s’entraident, acceptent les faiblesses des uns et des autres, règlent les conflits de manière appropriée et ainsi de suite. Même si tous les enfants n’ont pas encore développé les qualités qui font d’eux de bons amis, le fait de commenter leur comportement peut les aider à apprendre à être plus empathiques.
4) Gérez vos propres émotions
L’intelligence émotionnelle ne consiste pas uniquement à identifier vos émotions et celles de ceux qui vous entourent. Il s’agit également de pouvoir gérer celles-ci de façon appropriée. La gestion de vos propres émotions implique donc une capacité à les accepter, puis à trouver ce qui fonctionne pour y faire face.
Différentes choses marchent pour différentes personnes : séances d’entraînement, lecture, douches, réflexions sur les situations qui suscitent ces émotions, en parler à un partenaire ou à des amis, etc. Ce qui est important, c’est de trouver ce qui fonctionne pour vous.
Gérer ses propres émotions signifie également être prêt à abandonner les situations qui provoquent les émotions négatives et à éviter les pièges émotionnels. Être capable de gérer ceux qui manipulent vos émotions (les confronter ou les éviter) est un signe d’intelligence émotionnelle.
Comment la gestion de vos propres émotions peut aider à développer l’intelligence émotionnelle de votre enfant
Montrer à votre enfant des moyens appropriés pour réagir aux émotions peut l’aider à apprendre à réagir efficacement à ses émotions et/ou sentiments difficiles. Vous pourriez dire quelque chose comme : « Je me sens tellement stressé par mon entretien demain… je vais prendre un long bain pour me calmer. ».
Plus vous parlez d’émotions en tant qu’état normal et gérable, plus il sera facile pour votre enfant de les voir de la même manière. Le ressource numérique “J’accompagne les colères et autres émotions difficiles de mon enfant” vous propose de nombreux outils pratiques et ludiques pour apprendre à votre enfant à reconnaître ses émotions, afin qu’il puisse les exprimer et les contrôler.
Références
Qu’est ce que l’Intelligence Emotionnelle?
Le développement de l’empathie
Améliorer la cognition sociale en formant les enfants à la compréhension des émotions
11 tueurs en série terrifiants avec un QI extrêmement élevé
Top 10 des personnes très intelligentes qui ont fait des trucs très cons



Superbe article, tellement d’accord . Merci.
Merci beaucoup ! Et merci pour votre passage ici 🙂