Élever les enfants a toujours été un travail difficile, mais il l’est devenu encore plus au cours des dernières années. Les perceptions d’autrui comptent, et celles-ci influencent nos façons de penser, s’habiller, réagir et même nos styles parentaux.
Nos contextes sociaux, culturels et historiques ont un grand impact sur notre comportement. L’expérience de Solomon Asch, un classique en psychologie sociale, cherche à montrer dans quelle mesure les individus se conforment à la pression de groupe.
Cette expérience a montré à quel point il est difficile de résister à la conformité. Nous avons donc tendance à nous conformer à cause de la pression sociale de la majorité. À l’aide d’une expérience de laboratoire, Asch a demandé à des groupes d’environ sept étudiants de participer à un soi-disant « test de vision ».
Ils ont visionné une planche avec une seule ligne verticale à gauche et trois lignes verticales à droite (marqués 1, 2, et 3 ou A, B, et C). Une ligne était visiblement plus courte, la deuxième était nettement plus longue et la troisième était exactement de la même longueur que la ligne montrée sur la gauche. Asch demanda ensuite aux participants de choisir laquelle des trois lignes à droite était de la même longueur que celle montrée à gauche. Étant donné les différences claires entre les trois lignes, il semblait impossible de donner la mauvaise réponse.
Cependant, pour analyser dans quelle mesure les individus peuvent se conformer, on a demandé à tous les participants, sauf un, de donner la mauvaise réponse dans certains essais. Il y eut dix-huit essais au total. On leur a demandé de donner leurs réponses à voix haute, chacun à son tour. Le participant naïf étant toujours le dernier.
Dans les essais où a été donnée la mauvaise réponse, 75 % des « naïfs » se sont conformés au moins une fois. Dans un contexte différent, où il n’y avait pas la pression de se conformer, moins de 1 % des participants ont donné la mauvaise réponse.
Il faut toutefois dire que l’expérience de Solomon Asch n’était pas une expérience parfaite. En effet, il est impossible d’en généraliser les résultats. Cependant, Asch a démontré avec succès dans quelle mesure les groupes sociaux ont un impact sur le comportement.
Les participants ont été surpris par la facilité avec laquelle ils semblaient se conformer, malgré leur conviction que les réponses qu’ils donnaient étaient fausses.
Curieusement, la parentalité fonctionne plus ou moins de la même manière. Nous avons tendance à choisir consciemment ou inconsciemment de nous conformer « à la masse ». Cela peut ressembler à :
– inscrire nos enfants dans toutes sortes d’activités parce que tous les autres les font et que nous avons peur qu’ils soient « délaissés » ;
– laisser nos enfants jouer à certains jeux ou regarder certains films parce que leurs copains les ont déjà vus (même lorsque nous avons de grands doutes sur le fait qu’ils soient adaptés) ;
– agir — et attendre que nos enfants agissent — d’une certaine façon pour s’accorder aux autres.
La vérité est qu’il est difficile de faire disparaître le conformisme. Il est toujours plus facile de se conformer à autrui et, à vrai dire, toute conformité n’est pas mauvaise chose. En effet, c’est grâce à elle que les enfants apprennent à interagir avec autrui et à s’adapter à leur environnement. En outre, nous vivons dans un monde social et il serait presque impossible d’être entièrement non conformiste sans vivre en reclus.
Toutefois, quand il s’agit de la parentalité, rompre avec le conformisme de temps en temps peut vous rendre plus heureux et peut également augmenter le bien-être de votre enfant.
Voici quelques conseils pour devenir un parent non conformiste :
1 | Redéfinissez votre perception de ce à quoi ressemble un « bon parent ».
Les parents n’ont jamais eu autant de pression qu’aujourd’hui pour être parfaits. Plusieurs chercheurs suggèrent même que les mères sont soumises à davantage de pression que les pères et qu’une grande partie de celle-ci est associée à la façon dont ils pensent que leurs compétences parentales sont jugées par autrui.
Il faut se poser quelques questions importantes :
– Qu’est-ce qui compte vraiment pour vous ?
– Y a-t-il des choses que vous faites pour être conforme aux autres parents ?
Mettre de côté vos propres croyances et laisser les autres définir ce que vous devriez être, c’est donner trop de pouvoir à autrui.
Lorsque nous identifions clairement nos valeurs, il devient plus facile d’incorporer celles-ci dans nos styles parentaux et d’éviter d’agir en fonction de ce que l’on croit que les autres attendent de nous.
2 | Redéfinissez votre perception de ce que signifie un « bon enfant »
Vous voulez élever un enfant heureux, confiant et bien dans ses baskets. Nous le voulons tous. Mais qu’est-ce qu’« heureux » signifie ? Que veut dire la réussite ? Cela signifie-t-il la réussite financière ? Une vie satisfaisante ? Une capacité à surmonter les difficultés et s’adapter aux nouvelles circonstances ? Ou peut-être tout cela confondu ?
De nombreux chercheurs affirment que peu d’enfants ont appris à se percevoir comme des êtres humains compétents et prospères. Ils suggèrent par conséquent qu’il faut :
• apprendre à votre enfant ce que le succès signifie pour vous ;
• être un modèle pour montrer à votre enfant les compétences qui l’aideront à réussir sa vie ;
• lui apprendre à se voir comme quelqu’un qui réussit.
Le fait d’être clair sur ce que vous voulez pour vos enfants vous aide à définir vos attentes de façon efficace.
3 | Cessez de stresser et commencer à vivre
Il est terriblement difficile d’être à la hauteur des attentes d’autrui si celles-ci ne sont pas parfaitement alignées sur vos propres croyances. Vous ne pouvez pas vivre pleinement votre vie si vous êtes obsédé par ce que les autres pensent de vous ou de votre enfant.
4 | Osez aller contre le courant
Après avoir réalisé son expérience, Asch a demandé aux participants pourquoi ils s’étaient si facilement conformés. Beaucoup ont dit qu’ils craignaient d’être raillés s’ils disaient ce qu’ils pensaient vraiment. En d’autres termes, ils étaient prêts à donner la mauvaise réponse afin de s’intégrer.
Ce désir de « s’intégrer » peut aussi dicter vos choix parentaux. Soyez prêt à défendre vos croyances, même quand cela signifie aller contre le courant.
Être un parent non conformiste n’est pas toujours facile, mais au moins cela apprend à votre enfant qu’il a le droit d’être différent.
Références scientifiques
https://www.simplypsychology.org/asch-conformity.html
J’ai initialement publié cet article sur le site Parents.co
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