Les émotions peuvent ruiner toute votre vie si vous les laissez faire. Lorsque l’on vous apprend, dès l’enfance, que les émotions sont des choses négatives, vous êtes susceptible d’avoir du mal à gérer celles qui sont difficiles, même à l’âge adulte. En effet, les conversations que nous avons autour des émotions et la façon dont on nous a appris à y réagir ont un grand impact sur le développement de notre intelligence émotionnelle, et cela est vrai même pour les tout-petits.
Il est fréquent que votre enfant soit submergé d’émotions difficiles pendant les années d’enfance. La façon dont vous réagissez à ses états émotifs lui apprendra soit à considérer les émotions comme normales et gérables, soit comme des états anormaux à réprimer.
Il n’y a aucun doute sur le fait qu’aider votre enfant à renforcer son intelligence émotionnelle a un impact positif sur son comportement dans l’ensemble. Nous savons aujourd’hui que de parler des émotions aux jeunes enfants renforce leur intelligence émotionnelle. La preuve est incontestable : les enfants émotionnellement intelligents se sentent mieux, réagissent mieux aux situations difficiles et ont moins de problèmes sociaux, psychologiques et comportementaux.
Nous savons aussi que les pressions de la vie moderne sont peu susceptibles de ralentir dans les années à venir. Or, votre enfant a besoin de toute l’aide possible pour être en mesure de faire face aux nombreux défis qu’il rencontrera tout au long de sa vie. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons changer les conversations autour des émotions que nous entretenons avec nos enfants.
Voici quatre idées fausses courantes qui ont un impact sur le développement de l’intelligence émotionnelle de votre enfant :
1) Mon enfant va mieux se comporter dès qu’il comprendra les émotions
Nous savons que le comportement des enfants est principalement motivé par leurs émotions. Nous savons aussi que lorsque vous aidez votre enfant à mieux les gérer en utilisant des stratégies adaptées à son âge, le comportement motivé par les émotions diminue. Or, le développement de l’intelligence émotionnelle de votre enfant est une tâche de longue haleine qui nécessite de la patience et de la persévérance. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une affaire complexe, il s’agit bel et bien d’une entreprise à long terme.
Il ne développera pas son intelligence émotionnelle du jour au lendemain. Il le fera avec le temps. Un enfant émotionnellement intelligent aura toujours des crises, mais celles-ci diminueront progressivement et seront moins intenses une fois qu’il aura appris à mieux faire face à des émotions difficiles.
2) Dissimuler des émotions les fait disparaître
Rien n’est aussi commun que l’invalidation émotionnelle. Cette invalidation de nos émotions est partout. Nous recevons constamment des messages qui nous disent que nos émotions sont irrationnelles, déraisonnables, ou exagérées. Ce que nous oublions souvent, c’est qu’invalider les émotions ne les élimine pas.
Dire à votre fils « d’arrêter de pleurer comme un bébé » est émotionnellement invalidant, tout comme dire à votre fille « ce n’est rien » quand elle vient de tomber ou perdre quelque chose auquel elle tient. Il est maintenant prouvé que refuser de considérer les émotions de votre enfant comme valides et, au contraire, l’encourager à les dissimuler peut conduire à des problèmes psychologiques à l’adolescence et même à l’âge adulte.
Valider les émotions de vos enfants signifie leur donner l’occasion de les exprimer et un espace sécurisant dans lequel ils peuvent les gérer de manière socialement appropriée : « Je comprends que tu sois contrarié parce que tu ne peux plus jouer. Qu’est-ce que tu peux faire d’autre pour te sentir mieux ? » Ce genre de réponse montre à votre enfant que ses sentiments sont valides et l’aide également à apprendre que les émotions, même les plus difficiles, sont gérables.
3) Des crises apparaissent soudainement
Il est courant d’entendre parler d’enfants dont la colère est apparue « de nulle part ». Or, à moins que votre enfant ait un trouble du comportement, les crises commencent rarement « soudainement ». En réalité, tous les enfants ont des crises (de colère, d’anxiété…) Le vôtre pourrait en faire une à cause de son état psychologique ou même physique.
En d’autres termes, les crises de colère de votre enfant peuvent être déclenchées par des émotions telles que l’anxiété ou même la faim ou la fatigue. Comprendre ses déclencheurs est primordial. Si certaines situations rendent votre enfant nerveux, le fait d’être attentif à celles-ci peut vous aider à gérer ses émotions difficiles avant qu’elles ne deviennent incontrôlables.
Apprendre à votre enfant à être conscient de ses déclencheurs (par exemple les paumes moites lorsqu’il est anxieux) et le soutenir dans la recherche des stratégies appropriées pour y faire face peut l’aider à renforcer son intelligence émotionnelle. Des ressources telles que “Aidez votre enfant à gérer sa colère, son anxiété, et autres émotions difficiles ” peuvent vous donner des astuces pour apprendre à votre enfant à identifier ses émotions, à mieux comprendre ses déclencheurs et à trouver une stratégie efficace qu’il peut utiliser en cas de besoin.
4) Les adultes « forts » ne montrent pas leurs émotions
Si l’on vous dit assez longtemps que les adultes forts sont censés cacher leurs émotions, vous apprenez à y croire. Si l’on vous répète que montrer vos émotions est un signe de faiblesse, vous apprenez à cacher celles-ci.
Or, que vous le souhaitiez ou non, vous servez de modèle à votre enfant. En d’autres termes, il apprend à réagir à ses émotions en regardant comment vous réagissez aux vôtres. Par exemple, dire à votre enfant que vous êtes anxieux avant un rendez-vous important lui permet de savoir que tout le monde éprouve de grandes émotions. Mieux encore, lui dire que vous allez écouter de la musique pour vous calmer lui montre comment il pourrait réagir face aux émotions difficiles.
La chose à retenir sur le développement de l’intelligence émotionnelle de votre enfant, c’est qu’il faut « vivre un jour à la fois ». Soyez patient et rappelez-vous qu’il existe de nombreuses façons simples et adaptées aux enfants pour favoriser leur intelligence émotionnelle. L’aider à identifier et à nommer ses émotions ainsi que celles d’autrui est une étape importante dans le développement de son intelligence émotionnelle. Verbaliser ses émotions (« Je comprends que tu sois en colère ») ou les vôtres, ou même lui demander comment il pense qu’un personnage de télévision se sent à un moment précis est un excellent moyen d’initier la conversation autour des émotions.
L’outil numérique “Aidez votre enfant à gérer sa colère, son anxiété, et autres émotions difficiles” est rempli de conseils pratiques pour apprendre à votre enfant à identifier et à contrôler les émotions envahissantes.
Références
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19102609
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