
Faire participer votre enfant aux tâches ménagères peut sembler être un exploit quasi herculéen. Le plus souvent, une telle tentative rencontre une certaine résistance.
D’ailleurs, selon les études récentes, de moins en moins d’enfants y participent.
Bien qu’il existe une idée fausse que les jeunes enfants ne peuvent (ou ne doivent) pas participer à ces tâches, plusieurs chercheurs ont constaté de nombreux avantages associés à leur attribution, et cela dès 3 ans. Ils ont trouvé que :
• Les enfants qui effectuent des tâches ménagères sont plus autonomes ;
• Les enfants à qui l’on confie des tâches ménagères sont plus responsables ;
• Donner aux enfants des tâches adaptées à leur âge profite à leur développement cognitif, social, scolaire et affectif. Autrement dit, elles déterminent la réussite de votre enfant ;
• Faire participer les enfants aux tâches ménagères les aide à acquérir des compétences importantes telles que la responsabilisation ;
• L’enfant à qui l’on confie des tâches régulières et raisonnables acquiert de la confiance ;
• Participer aux tâches ménagères aide les enfants à se sentir utiles.
Selon Rossman, professeur à l’Université du Mississippi, encourager ses enfants à participer aux tâches ménagères en vaut la peine et commencer à le faire tôt est l’un des plus grands prédicteurs de leur réussite en tant qu’adulte.
Julie Lythcott-Haims (auteure du livre « Comment élever un adulte ») et Richard Bromfielf (psychologue à Harvard Medical School) sont du même avis.
Un enfant qui ne participe pas aux tâches ménagères ne développe pas des compétences importantes qui l’aideront plus tard dans la vie.

Comment motiver votre enfant à participer aux tâches ménagères
1 | Soyez précis
Si vous êtes comme la plupart des parents, vous souhaiteriez que vos enfants participent aux tâches ménagères, mais par où commencer ?
Selon Richard Bromfield, psychologue et auteur du livre “How to Unspoil Your Child Fast” (en anglais), la première étape est de définir exactement ce que vous aimeriez qu’il fasse, et ce que vous voulez réaliser en lui attribuant ces tâches.
Concentrez-vous sur vos objectifs :
• Y a-t-il des compétences spécifiques que vous aimeriez que votre enfant développe ? Quelles tâches ménagères peuvent vous aider à accomplir cela ?
• Voulez-vous qu’il participe à des tâches dont toute la famille bénéficie ou seulement celles qui le concernent directement (par exemple : faire son lit ou nettoyer sa chambre) ?
• Si vous vous attendez à ce que votre enfant mette la table, soyez précis : À quelle fréquence ? Tous les jours ? Un repas ou tous les repas?
2 | Soyez ferme et cohérent
De nombreux enfants résisteront aux tâches ménagères une fois qu’ils auront dépassé l’âge où « aider à mettre la table » est amusant !
C’est pourquoi il est important que votre enfant sache que participer aux tâches ménagères n’est pas une option, mais une obligation.
Vous pouvez lui dire quelque chose comme « tous ceux qui habitent ici (ou chaque membre de notre famille) doivent participer aux tâches ménagères ».
Vous ne pouvez être ferme et cohérent que si vous êtes conscient de ce qui est négociable et non négociable. Être ferme, c’est aussi combattre l’envie de faire soi-même pour « gagner du temps ».
3 | Soyez prêt à négocier
Les données suggèrent que la négociation renforce les liens familiaux et que les enfants élevés dans des familles où leurs « voix sont prises en compte » sont plus susceptibles de coopérer.
Prenez le temps d’écouter vos enfants. Soyez flexible. Énoncez-leur les tâches ménagères à effectuer à la maison, puis demandez leur avis :
• Comment celles-ci peuvent-elles être réparties équitablement ?
• Qui fait quoi et quand ?
• Que se passe-t-il lorsque les tâches ne sont pas terminées ou bien faites ?
Votre enfant est plus susceptible de s’en tenir aux décisions lorsqu’il se sent impliqué dans celles-ci.
4 | Choisissez des tâches ménagères adaptées à l’âge de votre enfant
De nombreux avantages sont associés à l’attribution des tâches ménagères aux enfants, mais seulement si celles-ci sont adaptées à leur âge.
Même les moins de trois ans peuvent participer à des tâches simples, telles que ramasser leurs jouets.
N’oubliez pas qu’en grandissant, votre enfant aura plus d’avantages, mais il pourra également assumer plus de tâches ménagères.
Associer chaque avantage à des tâches supplémentaires lorsqu’il atteint des étapes importantes (par exemple lors des anniversaires ou au début d’une nouvelle année scolaire) peut être un excellent moyen de faciliter leur acceptation.

Voici quelques idées des tâches ménagères selon l’âge de votre enfant :
Faire participer les enfants de moins de trois ans aux tâches ménagères
- Ramasser ses jouets
- Faire la poussière
- Jeter ses couches à la poubelle
- Arroser les plantes
- Ramasser ses livres
Quelles tâches ménagères confier à un enfant de 3 à 4 ans?
- Toutes les tâches précédentes
- Ranger ses jouets
- Mettre son linge sale dans le panier à linge
- Aider à mettre et débarrasser la table
- Aider à nettoyer les petites surfaces avec un chiffon humide
- Se laver les mains tout seul
- Aider à ranger les courses
- Plier ses vêtements (avec de l’aide)
- Choisir ses habits et s’habiller
Quels types de tâches ménagères pour un enfant âgé de 4 à 5 ans ?
- Toutes les tâches précédentes
- Faire son lit avec un minimum d’aide
- Aider dans la cuisine
- S’occuper d’un animal de compagnie (nourriture/brossage)
- Accrocher sa serviette après sa douche
Quelles tâches ménagères pour un enfant de 6 à 7 ans?
- Toutes les tâches précédentes
- Faire son lit sans surveillance
- Répondre au téléphone
- Ranger son linge propre
- Passer la serpillière
- Ranger la vaisselle propre Plier ses vêtements tout seul
Quelles tâches ménagères pour les enfants de 8 à 9 ans ?
- Toutes les tâches précédentes
- Nettoyer sa chambre
- Vider la poubelle
- Ramasser les feuilles mortes
- Préparer des repas faciles
Quels types de tâches ménagères pour un enfant âgé de 9 à 12 ans ?
- Toutes les tâches précédentes
- Changer ses draps
- Laver la vaisselle
- Faire ses devoirs seul
- Passer l’aspirateur
- Tondre
N’oubliez pas que la capacité de votre enfant à réaliser une tâche dépendra aussi de son niveau de développement.
De manière générale, plus votre enfant répète une tâche précise, plus il sera à l’aise pour l’accomplir seul. S’il semble avoir des difficultés avec une tâche donnée, aidez-le jusqu’à ce qu’il soit capable de la réaliser par lui-même, ou modifiez-la pour tenir compte de ses capacités.
5 | Mettez en place un plan familial efficace pour encourager votre enfant à participer aux tâches ménagères
Vous pouvez noter toutes les tâches à accomplir et laisser votre enfant choisir celles qu’il a envie de faire.
Aussi, les cartes de tâches ménagères peuvent l’aider à participer à celles-ci plus facilement.
Par exemple, vous pouvez demander aux plus jeunes de choisir moins de cartes et davantage aux plus âgés. Vous pouvez également proposer différentes cartes pour vous assurer que chacun de vos enfants a des tâches ménagères adaptées à son âge.
Voici plus de 70 cartes visuelles de tâches ménagères adaptées aux enfants de 2 à 16 ans.

Les tableaux des tâches ménagères sont également très efficaces pour motiver votre enfant à y participer.
6| Montrez-lui
Votre enfant ne saura pas automatiquement comment faire. De plus, votre définition d’une « chambre propre » n’est pas forcément la sienne.
Pour éviter les conflits, soyez clair sur ce que vous attendez de lui. Si elle consiste à nettoyer l’étagère, montrez-lui exactement ce qu’il est censé faire.
Si vous voulez qu’il range sa chambre, soyez précis sur ce que vous attendez (tous les livres sur l’étagère, tous les vêtements dans la garde-robe, pas de chaussures et de chaussettes qui traînent, etc.).
S’il ne fait pas ce que vous attendez de lui, concentrez-vous sur l’avenir (« La prochaine fois, je voudrais que tu… ») jusqu’à ce qu’il fasse sa tâche comme vous le souhaitez.
7 | Assurez-vous que votre enfant est conscient des conséquences
Maintenant que vous avez déterminé les tâches ménagères adaptées à l’âge de vos enfants, que se passe-t-il, s’il ne donne pas suite ou s’il fait un travail médiocre ?
Une fois de plus, la négociation peut être utile et peut faciliter la coopération. Demandez-lui de trouver les conséquences d’un travail mal fait :
• Faut-il enlever certains privilèges ?
• Devrait-il refaire la tâche ?

Comment éviter les « guerres des tâches ménagères » avec votre enfant
Impliquez-le dans la prise de décision
Comme évoqué plus haut, plus votre enfant se sent impliqué dans le processus décisionnel, plus il sera susceptible de faire ses tâches ménagères et d’’accepter les conséquences lorsque celles-ci ne sont pas terminées.
Même des stratégies aussi simples que de le laisser choisir ses propres tâches parmi des tâches celles prédéterminées et adaptées à son âge (par exemple en utilisant des cartes de tâches ménagères), peuvent faciliter leur acceptation.
Soyez prêt à lâcher prise
Votre fils de 6 ans ne fera pas son lit comme vous le feriez. C’est comme ça, mais ce n’est pas grave.
Attribuer des tâches à votre enfant et sans cesse être derrière lui pour « améliorer » ce qu’il a fait ne sert à rien ! N’oubliez pas que ce qui compte le plus, c’est sa participation en fonction de ses capacités.
Commencer par de petits pas
Tous les enfants ne sont pas prêts à participer aux tâches ménagères, mais certaines stratégies peuvent faciliter l’acceptation de celles-ci.
Par exemple, lors de l’attribution, vous pouvez leur demander de vous aider à effectuer une tâche précise ou encore de la commencer en leur précisant que vous les aiderez à la terminer.
Les cartes ou d’autres outils visuels peuvent s’avérer un moyen ludique pour motiver votre enfant à participer aux tâches ménagères plus facilement.
Soyez clair sur vos attentes
Si vous vous attendez à ce que votre enfant mette la table tous les jours, faites-lui mettre la table tous les jours. Donner à votre enfant des tâches ménagères sans être cohérent lui apprend que celles-ci sont facultatives.
Tirer profit du renforcement positif
Les enfants s’épanouissent quand leurs efforts sont reconnus, mais cela ne veut pas pour autant dire que vous devez leur offrir des cadeaux en échange de tâches ménagères.
Cela signifie simplement que même féliciter ses efforts verbalement peut le motiver à effectuer ses tâches.
N’oubliez pas d’être précis quand vous le félicitez. Par exemple, vous pourriez dire quelque chose comme « Tu n’as oublié aucun livre, c’est très bien ».

Devriez-vous payer votre enfant pour effectuer les tâches ménagères ?
Il y a des points de vue divergents sur ce sujet. Beaucoup croient qu’accomplir des tâches ménagères fait partie de la responsabilité de chaque membre d’une famille et qu’aucune rémunération ne devrait donc y être associée.
En d’autres termes, faire partie d’une famille signifie participer aux tâches ménagères de ladite famille.
Bien que la décision de payer les enfants ou non pour les tâches ménagères reste largement personnelle, voici quelques éléments à garder à l’esprit :
• Les jeunes enfants sont rarement motivés par l’argent.
• Rémunérer votre enfant pour des tâches spécifiques pour lesquelles vous paieriez sûrement quelqu’un d’autre peut être un bon moyen de lui apprendre la relation entre le travail et l’argent.
Attribuer à vos enfants des tâches ménagères n’est que l’une des nombreuses façons de les élever pour qu’ils soient des adultes heureux, autonomes et confiants.
Le livre numérique “L’enfant le plus épanoui et heureux du monde” vous propose d’autres exemples pratiques pour motiver votre enfant à participer aux tâches ménagères ainsi que de nombreuses ressources pour favoriser son autonomie et sa mentalité de croissance.
Références
http://www.braunresearch.com/component/content/article/27-press-release/96-why-children-need-chores
http://ghk.h-cdn.co/assets/cm/15/12/55071e0298a05_-_Involving-children-in-household-tasks-U-of-M.pdf
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19288844





Article très complet, merci.
Je soulève un point sur lequel vous pourriez travailler. Le cadrage demande – explications – évaluation de manière précise est une certitude que beaucoup néglige.
En revanche, et là reste une difficulté de fond, beaucoup d’enfants sont moqués parce qu’ils donnent ce coup de main (c’est du vécu). Je l’ai constaté lors de mon cursus primaire mais aussi plus tard lors de mes 15 années d’animation. Ce second rôle démontre les ravages d’une société de consommation où un enfant tire plus grande estime de soi d’avoir une tablette que d’être capable d’apporter son aide…
J’ai donc fait en sorte d’appeler cela autrement pour casser l’aspect corvée (tâche). Nous avions un arbre d’harmonie avec les 7-8 ans en camping. Le but était que chacun y apporte sa feuille pour pouvoir apprécier comment nous nous sentions.
bonjour,
l’arbre d’harmonie, et le bilan de comment chacun se sent, c’est GENIAL ! merci !
La transition maison-école est donc à anticiper à partir des 8 ans.
Merci encore pour vos outils
Un immense merci pour votre commentaire. Merci d’avoir partagé cette approche très intéressante avec nous. Votre commentaire souligne un point important – l’importance d’apprendre aux enfants à résister à une société de consommation.
Bonjour,
Je comprends bien et je suis d’accord avec ce que vous dites.
Malheureusement j’ai dû m’y prendre trop tard ou mal car mes enfants de 11 et 13 ans et demi, râlent à chaque fois que je leur demande un petit coup de main. Je ne leur demande pas grand chose pourtant: mettre la table, débarrasser leurs couverts, vider le lave-vaisselle et sortir les poubelles…
Ils ont un tour qui change toute les semaines. Pourtant c’est toujours les disputes… “pourquoi moi?”, “Encore? Lui, il a vidé 2 fois le lave-vaisselle et moi c’est 3 fois!”, “Pff, c’est pas moi qui l’ai sorti donc c’est pas à moi de le ranger”… Bref.
Je ne sais plus quoi faire, j’aimerais que ça se passe un peu plus dans le calme et qu’ils comprennent qu’ils sont asser grands pour aider à la maison.
Que faire? Est-ce trop tard?
Merci de votre réponse.
Bonjour,
Il est vrai qu’il est beaucoup plus facile à initier les jeunes enfants aux tâches ménagères car le fait de participer à celles-ci devient « quasi normal » et presque « un jeu » pour les plus petits. Par contre, il y a beaucoup plus de résistance parmi les pré-ados/ados. Avez-vous essayé de demander à vos enfants de sélectionner eux-mêmes les tâches qu’ils ont envie de faire (en insistant sur le fait que chaque membre de la famille doit participer à ces tâches) et ce qu’ils pensent être un partage « équitable » de celles-ci ? Vous pouvez faire une liste de tout ce que les parents font à la maison et leurs demander comment ils pensent participer à la vie de famille…
J’espère que d’autres lecteurs nous apporterons les astuces qui ont fonctionné pour cette tranche d’âge. Bon courage !