
On a souvent dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Or, tout le monde ne sera pas d’accord avec la façon dont vous choisissez d’élever le vôtre et vous ne serez pas toujours en mesure de contrôler la façon dont chacun considère qu’il faut « éduquer » un enfant.
Inspiré des études de John Gottman, il est aujourd’hui accepté qu’apprendre à votre enfant à identifier et gérer ses émotions a un impact positif sur son comportement, ses capacités d’autorégulation, sa réussite scolaire, et son bien-être général.
Il ne fait donc aucun doute que considérer que les émotions de votre enfant sont valides et comprendre qu’il faut un espace rassurant où il peut les exprimer librement, joue énormément sur le développement de son intelligence émotionnelle.
Cela dit, tout le monde ne sera pas d’accord avec la façon dont vous choisissez de favoriser le développement de ses capacités émotionnelles.
Par exemple, il est courant d’entendre les remarques adressées à votre enfant, telles que « les grands filles/garçons ne pleurent pas », « arrête de pleurer, c’est rien », « ça fait pas mal », « arrête de pleurer comme un bébé » « mais t’es un bébé ? », « sois mignon(ne) et arrête de …», et ainsi de suite.
Le plus gros problème c’est que la plupart de ces remarques proviennent le plus souvent des amis proches et de la famille et il n’est pas toujours facile de savoir comment réagir dans le feu de l’action.
Voici quelques astuces pour transformer la critique et les jugements négatifs sur votre enfant en une occasion de favoriser son intelligence émotionnelle.

1) Envisager les critiques comme une occasion de parler à votre enfant des émotions
De nombreux chercheurs conviennent qu’apprendre aux enfants à identifier (et verbaliser) leurs propres émotions et celles d’autrui est essentiel au développement de leur intelligence émotionnelle.
Face à la critique d’un comportement guidé par des réactions émotionnelles de votre enfant, transformer la situation en une occasion de parler d’émotions peut s’avérer un outil puissant pour le développement de son intelligence émotionnelle.
Par exemple, face à la critique, vous pourriez dire quelque chose comme :
« Tu sais, quand les gens sont en colère/frustrés/fatigués/stressés, ils font ou ils disent parfois certaines choses qu’ils ne pensent pas forcement. Comme aujourd’hui, quand … a dit …, peut-être qu’elle était en colère parce que … »
OU
« Est-ce que parfois, quand tu es en colère ou fatigué, tu dis des choses blessantes que tu ne penses pas vraiment ? Peut-être que c’est pourquoi … a dit … »
OU
« Même à l’école, parfois, tes amis disent certaines choses pas gentilles parce qu’ils sont en colère/frustrés/tristes, mais ça, c’est en fait leurs émotions qui parlent. »
2) Montrez à votre enfant que vous êtes en désaccord avec la critique négative
Les blessures infligées dans l’enfance sont parmi les plus difficiles à guérir. La critique, surtout lorsqu’elle est fréquente, peut avoir un impact négatif sur votre enfant et transformer la façon dont il se perçoit.
Des études sur l’effet Pygmalion ont montré à maintes reprises que nous avons tous tendance à agir conformément à ce que l’on attend de nous.
Votre fils est plus susceptible d’être maladroit en présence de gens qui pensent qu’il l’est et votre fille plus « agressive » en présence de ceux qui la décrivent comme telle.
Les jugements négatifs peuvent donc apprendre à votre enfant à développer une image de soi négative qui peut perdurer au-delà des années d’enfance. La bonne nouvelle est que vous pouvez transformer la critique en une occasion pour renforcer l’estime de soi de votre enfant.
Par exemple, vous pourriez dire quelque chose comme « Tu te souviens quand … a dit que tu te comportes comme un bébé ? Je ne suis pas d’accord avec elle. Je pense que tu es … ».
Ensuite, vous pouvez profiter de l’occasion pour l’aider à explorer d’autres façons plus appropriées d’exprimer ses émotions… « Tu sais que moi aussi je serais triste si … mais il y a plein d’autres choses que tu peux faire si cela arrive à nouveau. »
Si vous êtes déjà en train de travailler avec votre enfant sur des façons appropriées de faire face à des situations difficiles, cela peut être l’occasion de discuter de solutions possibles… « Qu’est-ce que tu peux faire si cela se produit à nouveau ? »
Et si ce n’est pas le cas, cela peut être une occasion d’explorer des façons différentes et appropriées pour aider votre enfant à apprendre à réagir à des situations difficiles par lui-même.

3) Affirmez haut et fort vos convictions
Peu importe comment vous décidez d’élever votre enfant, il y aura toujours quelqu’un qui pensera que vous pouvez « mieux faire ».
L’une des choses les plus difficiles à propos de la critique et des jugements négatifs sur nos styles parentaux est qu’on les vit souvent comme une attaque personnelle sur nos compétences parentales.
Et parfois, ces critiques nous font douter de nos capacités à être de « bons parents ». Mais la vérité, c’est qu’il y aura toujours quelqu’un pour critiquer vos choix parentaux et il est impossible de se conformer à ce que tout le monde définit comme le « parent idéal ».
Soyez donc prêt à défendre vos convictions sans paraître « agressif ». Des réponses courtes sont toujours une bonne idée :
« Chez nous on fait … » ou « On essaye d’apprendre à … que les garçons ont le droit de pleurer » ou « Non, elle n’est pas capricieuse, elle est juste en colère parce que … »
Dans le feu de l’action, ne rentrez pas dans une discussion pour tenter de convaincre les autres — cela ne fonctionne que rarement… Mais cela ne veut pas dire que vous ne devez pas affronter la personne, surtout si c’est quelqu’un que vous voyez régulièrement et qu’elle critique souvent votre enfant.
Au calme, vous pouvez dire quelque chose comme « J’apprécie vraiment … mais … est plus réceptif quand nous sommes bienveillants. » ou « Ça devient compliqué parce que, après nous être beaucoup renseigné, nous avons choisi de …, mais chaque fois qu’on se voit, j’ai le sentiment que tu critiques mes choix parentaux. »
4) Éloignez-vous des personnes trop critiques
« Dire votre vérité » ne marche pas toujours et si les critiques et jugements ont un impact négatif sur votre enfant, il est peut-être temps de vous éloigner de la personne qui vous juge.
La vérité c’est qu’il n’est pas toujours possible de changer la façon dont les gens perçoivent les choses, mais cela ne veut pas dire qu’il faut leur permettre de changer vos principes fondamentaux.
Si vous sentez que certaines personnes sont toxiques et ont un impact négatif sur votre enfant, n’hésitez pas à couper les ponts.
5) Apprenez à votre enfant à être son propre défenseur

Vous ne serez pas toujours présent pour aider votre enfant lorsqu’il sera confronté aux situations difficiles. Il est donc important de lui apprendre à leur faire face par lui-même. N’oubliez pas que c’est en apprenant à les affronter qu’il développe son intelligence émotionnelle.
Plusieurs études ont démontré que votre enfant a plus de chances de développer son intelligence émotionnelle dans des situations de conflit, parce que ce sont eux qui l’obligent à apprendre à gérer des émotions difficiles.
La première chose est de l’aider à comprendre que les émotions ont un impact sur son comportement, mais aussi sur la façon dont autrui réagit à ce dernier. Des jeux et exercices adaptés aux enfants sont un moyen efficace qui peut aider le vôtre à apprendre à identifier et à exprimer ses émotions.
On l’a déjà dit — il est important que votre enfant sache que les émotions stimulent aussi la façon dont autrui réagit à son comportement.
Par exemple, vous pourriez dire quelque chose comme:
« Tu te souviens quand … a dit …, je ne pense pas que c’est ça qu’elle voulait dire. Je crois qu’elle a réagi comme ça parce que … Comme l’autre jour, tu te souviens quand je t’ai dit de … et tu m’as dit que tu ne m’aimes pas parce que tu étais en colère. Parfois, quand on est en colère (ou frustré), on dit (ou on fait) certaines choses qu’on ne pense pas vraiment.”
Pour aller plus loin, vous pouvez l’aider à apprendre à réagir à la critique. Par exemple, vous pourriez dire quelque chose comme :
« Tu sais, quand tu cries, les gens ne savent pas ce qui ne va pas et ne savent pas comment t’aider. Tu sais que la prochaine fois, quand tu ressens que personne ne t’écoute, au lieu de crier, tu pourrais dire que tu es juste contrarié parce que … »
Arriver à ce niveau où votre enfant est capable d’exprimer ses émotions seul prend du temps, mais en l’encourageant à verbaliser les raisons de son comportement de façon régulière, il sera plus facile pour lui de faire face à celles-ci.
Le guide numérique – J’accompagne les colères et autres émotions difficiles de mon enfant – vous propose de nombreux outils pratiques et ludiques pour apprendre à votre enfant à reconnaître ses émotions, afin qu’il puisse les exprimer et les contrôler.
Elle s’appuie sur la recherche scientifique autour de la régulation émotionnelle et met l’accent sur les conseils pratiques afin de vous proposer des ressources et des outils pratiques que vous pouvez mettre en place immédiatement.
Références
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12212647
https://psycnet.apa.org/record/1991-23887-001



Merci beaucoup pour les astuces
Avec plaisir 🙂