La lecture et l’écriture sont souvent affichées comme les compétences essentielles que chaque enfant doit apprendre dès la petite enfance. Et si d’autres compétences étaient plus importantes pour le développement social, académique et psychologique de votre enfant ?
Au cours de ces dernières années, de plus en plus de chercheurs ont prouvé que la capacité de votre enfant à réguler ses émotions est la base de son bien-être. Ils suggèrent que son développement socioaffectif a, au fil du temps, un grand impact sur sa performance scolaire, sur son attitude et son comportement, et même sur son développement affectif.
Un enfant qui a développé des compétences sociales et émotionnelles a une plus grande maîtrise de soi. Mais rester constamment maître de ses comportements et actions n’est pas chose aisée. Même chez les adultes, il est normal d’avoir du mal à gérer des émotions fortes telles que l’anxiété, la colère, la peur, le stress, etc. De fait, il est peu surprenant que votre enfant ait des difficultés pour gérer ces mêmes émotions, surtout quand il n’a pas encore appris à leur faire face pendant les moments difficiles.
À vrai dire, l’enfance est une période marquée par la frustration pour la plupart des enfants. Leur façon de réagir à celle-ci est directement liée à leur capacité à reconnaître et gérer leurs émotions et se manifeste souvent dans leur comportement. En d’autres termes, un enfant qui n’a pas encore complètement développé des compétences sociales et affectives est plus susceptible de s’en prendre à d’autres, d’avoir des crises particulièrement fréquentes et sévères et d’afficher un comportement décrit comme socialement inapproprié.
Le développement social et affectif est-il plus important que la lecture et l’écriture ?
Il n’y a encore pas si longtemps, l’impact de l’intelligence émotionnelle sur le comportement des enfants suscitait peu d’intérêt. Il est désormais largement admis que les compétences sociales et affectives ont des conséquences beaucoup plus importantes sur le développement de l’enfant que ce que l’on pouvait croire jusqu’à présent.
Aujourd’hui, les chercheurs suggèrent qu’un enfant qui a développé des compétences sociales et émotionnelles est :
- Plus apte à construire des interactions sociales positives et à vivre « paisiblement » avec son entourage
- Plus en capacité de se faire des amis, de les garder et de coopérer avec autrui
- Plus susceptible d’afficher des caractéristiques telles que l’empathie
- Davantage susceptible de reconnaître ses propres émotions et celles d’autrui
- Plus susceptible de réagir de façon appropriée aux émotions difficiles
- Moins susceptible d’avoir de longues et fréquentes crises de colère, ou tout du moins, d’avoir des crises « moins dramatiques »
- Plus capable d’exprimer les émotions difficiles de façon appropriée
- Plus capable de contrôler ses impulsions
- Plus capable de réagir à la frustration de façon appropriée. Par exemple, il peut demander de l’aide lorsqu’il rencontre des obstacles.
Voici quelques astuces pour favoriser le développement des compétences sociales et de l’intelligence émotionnelle de votre enfant.
1) Travailler sur les capacités d’interaction sociale de votre enfant
Le renforcement des compétences de communication sociale de votre enfant est important, car sa façon de communiquer avec autrui détermine comment il est perçu et le genre de relations qu’il établit. La compétence sociale de communication de votre enfant a également un impact sur son bien-être psychologique.
Comment renforcer ses compétences sociales
- Soyez un modèle de communication claire. Assurez-vous que votre enfant est conscient de vos attentes.
- N’oubliez pas qu’il y a différentes façons de dire la même chose. Une communication bienveillante lui montre l’exemple et vous permet d’obtenir de meilleurs résultats. Par exemple, « Tu peux regarder la télé 30 minutes après tes devoirs » peut être plus efficace que « Éteins la télé immédiatement ! ».
- Si vous pensez que crier sur votre enfant est une communication appropriée, vous lui apprenez seulement que lui aussi peut crier en réponse à autrui et même à vous-même. N’oubliez pas que votre enfant apprend plus de la façon dont vous interagissez avec autrui que de ce que vous lui dites de faire.
- Quand vous pratiquez une parentalité démocratique, vous apprenez à votre enfant que vous avez certaines attentes à son égard, mais qu’il a néanmoins le droit d’exprimer ses opinions et que celles-ci seront entendues. Respecter le « non » de son enfant (quand approprié) lui apprend qu’il a le droit d’exprimer son opinion. En conséquence, il s’exprimera davantage lorsque cela sera nécessaire.
- Il existe maintenant des preuves que favoriser un sentiment de gratitude chez son enfant peut le rendre plus serviable, digne de confiance, coopératif et agréable. N’oubliez pas qu’il y a des routines simples que vous pouvez mettre en place pour encourager, au quotidien, la pratique de la gratitude chez vous. Il existe de nombreuses ressources qui peuvent vous y aider.
- D’après les études disponibles, l’empathie est une compétence qui s’apprend. Aidez votre enfant à développer une vision empathique de la vie.
- Les jeux de société sont une excellente façon d’apprendre à votre enfant l’importance d’attendre son tour et donc de développer ses compétences sociales.
2) Favoriser le développement de l’intelligence émotionnelle de votre enfant quotidiennement
Le moyen le plus efficace pour sensibiliser votre enfant aux émotions est d’encourager les discussions autour d’émotions. Cela signifie être capable de les reconnaître et de les nommer. L’aptitude de votre enfant à poser un nom de façon appropriée sur ses émotions (et celles d’autrui) constitue une étape importante dans le développement de son intelligence émotionnelle.
Des discussions autour des émotions de votre enfant lui permet de voir que ces dernières sont valides et nécessaires – « Tu as l’air si triste, qu’est-ce qu’on peut faire pour… », « Je sais que c’est frustrant, est-ce que tu veux que… », etc. Le fait de lier des émotions difficiles à des solutions envisageables aide votre enfant à comprendre que les émotions sont normales et lui donne des pistes appropriées pour répondre à celles-ci.
N’oubliez pas que vous pouvez aider votre enfant à maîtriser les émotions à l’aide de situations quotidiennes. Celles affichées sur le visage des gens que votre enfant croise chaque jour (ou même les membres de la famille) peuvent lui apprendre à reconnaître les différentes émotions et ainsi fournir une opportunité de discussion. Les ressources adaptées aux enfants telles que Le Jeu d’émotions peuvent également lui apprendre à identifier et parler de ses émotions et de celles d’autrui.
Parler de vos propres émotions est également un excellent moyen d’aider votre enfant non seulement à les apprendre, mais aussi comment les gérer. Par exemple, vous pouvez dire « J’étais tellement en colère quand… alors j’ai décidé de… »
Il est important d’apprendre à votre enfant que nous sommes tous responsables de nos émotions et de la façon dont nous réagissons face à elles. Quand vous dites à votre enfant « Tu m’énerves… », vous ne lui apprenez pas que chacun est maître de ses émotions (c’est vous qui vous énervez – vous choisissez de vous énerver face à son comportement). Par exemple, dire « Je suis en colère parce que… » lui donne plutôt un exemple de comment nous pouvons être responsable de nos réactions et exprimer nos émotions de façon appropriée.
Apprendre à votre enfant à identifier ses émotions est une phase importante, mais c’est seulement la première étape vers la conscience émotionnelle. Il doit également savoir ce qui déclenche différentes émotions chez lui (différents enfants réagissent à la même situation de différentes façons) et comment il peut faire face à des situations à forte charge émotionnelle. Le guide “J’accompagne les colères et autres émotions difficiles de mon enfant” propose de nombreuses ressources pour vous aider à lui apprendre à identifier les émotions, travailler sur ce qui les déclenche et identifier des stratégies pour un retour au calme.
3) Soutenir le développement de l’autorégulation de votre enfant
- L’autorégulation est associée à la maturité scolaire, au bien-être et à la réussite scolaire de votre enfant, et cela, bien au-delà de la petite enfance.
- Les enfants qui ont développé les compétences d’autorégulation sont capables de rester attentifs même face aux distractions.
- Ces enfants savent gérer leurs émotions.
- Les enfants autorégulés ont des interactions sociales positives.
Comment favoriser ses compétences d’autorégulation
La capacité de votre enfant à reconnaître ses émotions est directement liée à ses compétences d’autorégulation. Encourager votre enfant à s’exprimer à haute voix peut le stimuler à parler de ce qu’il ressent. Les jeux sont un excellent moyen pour promouvoir la discussion autour d’émotions.
N’oubliez pas que certaines activités peuvent aider votre enfant à renforcer son attention et sa concentration.
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Références scientifiques
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12212647
https://courses.washington.edu/dbt560/GrossRev.pdf
http://www.calmclassroom.com/wp-content/uploads/2011/06/Semple-Treating-Anxiety-with-Mindfulness.pdf
http://web.simmons.edu/~turnerg/Dunn%20et%20al%201991….pdf
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/487876
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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10621961
http://naspjournals.org/doi/abs/10.17105/SPR45-2.250-267?code=naps-site&journalCode=spsr
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28890705
http://psycnet.apa.org/record/1994-98882-000
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