
Le passage d’un « enfant gentil et doux » à un « enfant provocateur » est un fait assez courant. Il peut devenir agressif, se transformer en un mangeur sélectif, se considérer comme le roi (ou la reine), faire des crises interminables à la maison comme en public, ne rien écouter, et en général, n’en faire qu’à sa tête.
Tout comme la définition de Hemingway sur la faillite, ce changement ne survient pas en une nuit. Il sera d’abord « progressif, puis soudain ». Cette transformation, pas si soudaine, de votre enfant si gentil en un enfant incontrôlable peut vous rendre impuissant et frustré.
Vous pouvez aussi avoir l’impression d’être le pire parent qui n’ait jamais existé, mais vous n’êtes pas seul : éduquer un enfant à fort caractère n’est facile pour personne. Éduquer un enfant qui semble être constamment hors de contrôle est une lutte quotidienne pour tout le monde.
Ce qu’il faut savoir sur la discipline, c’est que tous les enfants ne répondent pas aux mêmes stratégies. Une stratégie qui marche comme par magie chez l’un peut échouer complètement chez l’autre.
La vérité, c’est que certains enfants sont plus faciles à gérer que d’autres, et il existe des preuves convaincantes.
Dans une étude récente, les chercheurs en sont arrivés à la conclusion que, pour rendre une discipline efficace, il fallait l’adapter à la personnalité de votre enfant. Autrement dit, utiliser le même genre d’éducation chez tous les enfants ne garantira pas le succès si leurs personnalités sont radicalement différentes.
Comme tous les parents le savent, il n’est pas rare que deux enfants élevés exactement de la même manière ne se ressemblent pas du tout.
L’étude, qui a été dirigée sur une période de plus de 3 ans et qui a fait participer 214 enfants et leurs mères, a révélé que les enfants réagissaient au même style d’éducation différemment.
Tandis que les enfants à fort caractère demandent souvent une plus grande attention, il peut y avoir des raisons inattendues affectant leur comportement. Apprendre à identifier celles-ci peut aider à restaurer leur bien-être.
Si vous vous sentez perdu et si tous vos efforts semblent échouer, il est peut-être temps de tenter autre chose.
Voici 8 choses surprenantes qui peuvent influencer le comportement de votre enfant.
1) La nutrition
Alors que les chercheurs sont divisés sur les régimes qui influencent le comportement des enfants, un nombre croissant d’études suggère que la nutrition est un facteur clé qui affecte son comportement. Autrement dit, il est prouvé que « l’enfant est ce qu’il mange » et que ce qu’il mange peut altérer son humeur et son comportement.
Ces preuves suggèrent que l’interdiction de certains aliments dans le régime de votre enfant pourrait calmer son anxiété et son hyperactivité.
Certains suggèrent que les repas sans gluten permettraient de changer son comportement, car les aliments contenant du gluten (pain, pâtes, cookies, céréales, etc.) ont subi des transformations majeures, les rendant difficiles à digérer.
Tandis que certains parents, surtout ceux ayant des enfants autistes, ne jurent que par le sans gluten et les aliments sans caséine (la caséine est la protéine que l’on trouve dans les produits laitiers, lire le livre « Etre et ne plus être autiste » de Nathalie Champoux, qui suggère que le comportement des enfants présentant de nombreux troubles de comportement peut s’améliorer grâce à un régime sans gluten), il n’existe pas encore de preuve scientifique quant à l’efficacité de ces régimes.
En effet, tous les enfants ne réagissent pas de la même manière et il n’est pas encore possible de savoir pourquoi cela fonctionne chez certains et pas chez d’autres.
Ce que l’on sait, en revanche, c’est que les régimes malsains affectent l’humeur et la concentration. En d’autres termes un régime équilibré peut stabiliser, voire réduire les troubles de l’humeur.
Vous pouvez commencer par de petites choses simples, comme :
• Veiller à ce que votre enfant ait des repas sains, équilibrés et bien espacés. Sauter des repas, surtout le petit-déjeuner, peut avoir un impact sur son comportement.
• Veiller à ce que son régime comprenne des acides gras essentiels. Parmi les sources d’acides gras, on trouve le saumon, le hareng, les noisettes, les amandes, l’huile d’olive, les produits faits de grains entiers, les épinards et les brocolis.
• Veiller à ce que le régime de votre enfant inclue du fer et du zinc. Les carences en fer et en zinc peuvent influencer le comportement des enfants, leur humeur et leur concentration.
Les sources naturelles de fer et de zinc sont le bœuf, le porc, les produits à base de soja, les haricots, les aliments complets, les crustacés, le foie, les épinards, les graines de citrouille et le quinoa.
• Veiller à ce qu’il boive beaucoup d’eau et qu’il réduise sa consommation de sodas et de boissons sucrées.
• Limiter les aliments industriels.
• Veiller à ce que votre enfant mange suffisamment de fruits et de légumes.
• Réduire ses apports en sucre. Dans une étude, les chercheurs ont observé des enfants de six à sept ans sur une période de quatre semaines. Ils ont trouvé que les enfants qui prenaient des petits-déjeuners limités en sucre obtenaient de meilleures performances dans les tests de mémoire.
Ils ont également remarqué que ces derniers étaient mieux concentrés et qu’ils avaient moins de problèmes comportementaux.
Comme options à faible indice glycémique pour le petit-déjeuner, on trouve le son de blé (par exemple le weetabix), les fruits (les pommes et les oranges), le pain complet, les œufs durs, les haricots cuisinés, etc.

2) Des problèmes sensoriels influencent le comportement de votre enfant
Tous les enfants ne traitent pas les informations de la même façon. Certains sont plus sensibles à certaines sensations que d’autres.
Les enfants atteints de troubles sensoriels sont souvent décrits à tort comme étant des « hypersensibles », des « capricieux », des « maladroits », des « hyperactifs », ainsi de suite.
Les enfants atteints de troubles sensoriels peuvent faire des caprices plus longs et plus intenses. De plus, ils ont généralement des comportements qui peuvent être décrits comme « extrêmes ».
Par exemple, ils peuvent sembler insensibles aux sensations normales, telles que le froid ou la chaleur, se plaindre des vêtements serrés ou qui démangent, tourner de nombreuses fois sans avoir le vertige, être inconscients des situations dangereuses, devenir « collants » ou au contraire, fuir tout contact humain.
Cependant, avoir des troubles sensoriels ne veut pas forcément dire que votre enfant a des problèmes dans le traitement des informations. Ce genre de trouble signifie simplement que votre enfant a des difficultés à traiter certains signaux.
Les expériences sensorielles peuvent calmer l’anxiété de l’enfant, améliorer sa concentration et réduire son mauvais comportement, qu’il ait des problèmes comportementaux ou non.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les enfants ne réagiront pas tous à ces expériences de la même manière. Une étude indique que l’intégration des expériences sensorielles dans le quotidien de l’enfant permet de combler ses besoins, même celui qui a le plus de problèmes.
Cet article donne cinq astuces faciles et pratiques pour vous aider à instaurer des expériences sensorielles dans la vie de votre enfant.

3) Le manque d’intelligence émotionnelle
Les enfants ne savent pas toujours comment gérer leurs émotions. Un enfant qui est en colère, frustré ou anxieux dira rarement « je me sens frustré ». Il deviendra peut-être agressif ou se refermera sur lui-même, voire affichera des comportements fréquemment définis comme étant « une mauvaise conduite ».
L’incapacité de votre enfant à gérer ses émotions peut se manifester de différentes façons. Il peut ne plus vouloir se coucher, devenir grossier ou agressif, avoir des problèmes à l’école, manquer de concentration, devenir timide et peureux, etc.
L’échelle d’évaluation sociale de réajustement développée par Thomas Holmes et Richard Rahe identifie les facteurs de stress communs qui peuvent affecter les enfants. Voici quelques-uns d’entre eux :
- Un décès dans la famille
- Un divorce/une séparation
- Un changement de situation financière
- Des conflits parentaux
- Des nouveaux membres dans la famille
- Un déménagement
- Une nouvelle école
- Un nouveau loisir
- Un changement dans les activités paroissiales
- Un changement dans les activités sociales
Il est maintenant prouvé que les émotions jouent sur le comportement et qu’encourager les conversations autour de celles-ci peut avoir un impact important sur le comportement de votre enfant.
N’oubliez pas qu’il existe des stratégies ludiques et appropriées aux jeunes enfants pour les aider à apprivoiser leurs émotions.
Favoriser l’intelligence émotionnelle de votre enfant signifie qu’il faut l’aider à identifier les émotions, l’aider à comprendre ce qui les déclenche et l’aider à apprendre à gérer ces émotions lui-même.
Le livre numérique “J’accompagne les colères (et autres émotions difficiles) de mon enfant” propose un vaste ensemble de ressources conçu pour vous donner des outils pour communiquer autour des émotions avec votre enfant.

4) La fatigue impacte le comportement des enfants
Nous sommes les pires versions de nous-mêmes lorsque nous sommes fatigués. C’est pareil pour votre enfant. Sa fatigue peut avoir un impact négatif sur son comportement. Voici quelques conseils pour être sûr qu’il se repose suffisamment.
Voici quelques conseils pour être sûr que votre enfant se repose suffisamment :
- Fixez une routine du coucher. Avec un emploi du temps surchargé, il est facile de sauter des routines, telles que lire une histoire avant de dormir, ou encore chanter avec ou pour votre enfant.
Toutefois, il est important de garder à l’esprit que la routine du coucher peut rendre son endormissement plus facile. Il se sentira plus en sécurité dans une routine prévisible qu’il peut suivre chaque soir.
- Trop de distractions fatiguent. Ajustez l’environnement de votre enfant et débarrassez-vous des distractions qui peuvent le fatiguer.
- Veillez à ce que votre enfant ait une opportunité de « ne rien faire ». Les enfants submergés d’activités ont plus de risques d’être fatigués.
Toutefois, la fatigue n’affecte pas seulement votre enfant. Votre niveau de fatigue influence votre perception de son comportement. Autrement dit, vous aurez plus de chances de croire qu’il est « difficile » lorsque vous êtes fatigué et stressé.
Il existe maintenant des preuves indiquant que la fatigue des parents augmente l’hostilité envers l’enfant, ainsi que la sensation d’être un mauvais parent. C’est pourquoi il est important de prendre du temps pour vous et de trouver un réseau sur lequel compter lorsque vous aurez besoin de temps pour vous.

5) Des aspirations modestes
Les enfants ont tendance à agir conformément à ce qu’on attend d’eux. Les étiquettes que vous utilisez en parlant de votre enfant peuvent l’amener à croire qu’un certain comportement négatif fait partie intégrante de sa nature.
En d’autres termes, si vous décrivez votre enfant constamment comme étant « difficile », il agira comme un enfant difficile, et il existe des preuves qui le confirment. Les étiquettes peuvent altérer le comportement. Bref, la vision que vous avez de votre enfant peut modeler sa personnalité et les relations que vous développerez avec lui, bien au-delà de l’enfance.
De plus, les étiquettes que vous utilisez pour le décrire vont déterminer la façon dont autrui le percevra. Lorsque vous répétez sans cesse qu’il est « violent », les autres personnes seront plus susceptibles de partager cette opinion.
Les étiquettes positives sont valorisantes pour votre enfant, mais cela ne veut pas dire qu’il faut excuser son mauvais comportement. Un enfant agressif n’est pas un « leader naturel ».
Toutefois, en prenant conscience des étiquettes négatives qu’on donne aux enfants et en les remplaçant par des étiquettes positives, notre perception d’eux et notre réaction changeront, ainsi que leur comportement.
Il est important d’avoir des grandes attentes envers votre enfant. Cependant, il est primordial qu’elles soient conformes avec ses capacités et qu’il sache qu’il est responsable de ses actes. Les principes sous-jacents d’une discipline efficace sont la bienveillance, les règles justes et la cohérence.
Votre enfant est plus susceptible de se comporter d’une certaine façon lorsque les attentes sont claires. Cela veut dire que vous devrez communiquer fermement et clairement.
Par exemple, au lieu de dire « On range, d’accord ?», vous pourriez dire « Tous les jouets dans la corbeille à jouets ». Dire « d’accord » à la fin de la phrase donnera à votre enfant l’impression qu’il a le choix.
Voici une phrase ferme : « C’est notre dernier jeu. Quand on aura fini, tu iras te laver les dents ».
Il existe plusieurs façons d’éduquer, et deux enfants ne répondront pas nécessairement à la même technique de la même manière. Ce qui importe le plus, c’est votre capacité à développer une « boîte à outils de discipline » qui soit adaptée à la personnalité de votre enfant et à la vôtre.
Si vous avez besoin d’aide, ma formation gratuite en ligne – « La discipline efficace » – vous propose quelques astuces que vous pourrez utiliser mettre en place dès aujourd’hui.
6) Vous êtes trop autoritaire
Le transfert de l’autonomie est un terme utilisé en psychologie du développement qui se réfère à l’attribution du pouvoir de la prise des décisions des parents envers l’enfant à travers des procédés contrôlés par les parents.
Une étude suggère qu’encourager son enfant à participer aux prises de décisions permet de réduire le mauvais comportement. L’impliquer signifie lui permettre de prendre des décisions simples qui le concernent, d’une manière contrôlée.
Par exemple, au lieu de dire à votre enfant de « faire ses devoirs », vous pouvez dire quelque chose comme « est-ce que tu veux faire tes devoirs avant ou après ton goûter ? » Plus l’enfant sentira qu’il participe aux prises de décisions, et plus il s’y tiendra.

7) Un manque de routine
Les enfants s’épanouissent dans un cadre routinier. Certains suggèrent qu’un manque de routine peut avoir un impact sur le comportement de l’enfant. Dans leur livre Parents… tout simplement ! , Kim John Payne et Lisa Ross soutiennent qu’une parentalité simplifiée basée sur une routine fixe rendrait les enfants plus calmes, plus heureux et plus sûrs d’eux.
Selon eux, suivre des repas fixes à thème pour chaque jour de la semaine (les lundis : soirée spaghetti, les mardis : soirée soupe, les mercredis : soirée pizza, etc.) est bon pour les enfants et aussi plus facile pour les parents.
8) Le besoin d’une intervention professionnelle
Dans une étude conduite à l’Université de Washington, des chercheurs ont révélé que le tempérament des enfants pouvait les rendre vulnérables à certains problèmes comportementaux, malgré le style parental.
Autrement dit, vous n’aurez pas toujours les capacités à aider votre enfant tout seul. Il est conseillé de voir un professionnel si votre enfant montre les symptômes suivants :
- Des sautes d’humeur intenses et fréquentes
- Des réactions disproportionnées face aux situations
- De l’insomnie
- Un comportement destructeur
- Un comportement que vous vous sentez incapable de gérer
Si vous vous sentez submergé par le comportement de votre enfant, un professionnel compétent pourra vous aider à surmonter les moments difficiles. Nombreux sont les troubles comportementaux qui partagent des caractéristiques similaires.
Parler avec un professionnel est la première étape vers un diagnostic correct de votre enfant. Rappelez-vous que chercher de l’aide est un signe de force, pas de faiblesse. De plus, plus tôt vous commencerez à travailler sur les troubles de votre enfant, plus il sera facile de gérer son comportement.
Actions concrètes :
- Avez-vous repéré quelque chose dans la liste ci-dessus qui peut expliquer le comportement de votre enfant ?
- Comment pouvez-vous modifier votre façon de faire ?
- Que pensez-vous intégrer dès cette semaine ? Comment allez vous vous y prendre ?

Références scientifiques
http://www.biomedcentral.com/1471-244X/4/9.Alberti
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1467-9604.2006.00397.x/abstract
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11134689
https://eric.ed.gov/?id=EJ544882
http://www.acc.com/aboutacc/newsroom/pressreleases/upload/srrs.pdf
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/cch.12205
http://jfi.sagepub.com/content/19/4/404.abstract





Laisser un commentaire