
Les enfants n’aiment pas s’excuser, on le sait. Nous leur demandons de présenter leurs excuses de nombreuses fois : quand ils blessent quelqu’un, quand il frappe ou morde les copains, quand ils prennent violemment des jouets à leurs frère et/ou sœur, et quand ils ont un comportement peu sympathique.
Or, il s’avère qu’à deux ans, votre enfant se moque pas mal des sentiments d’autrui. Vous pouvez toujours l’obliger à s’excuser mais il ne comprendra ni le sens des mots que vous souhaitez qu’ils disent, ni pourquoi il est obligé de les dire.
L’empathie est une compétence difficile à développer, même chez les adultes. Toutefois, la recherche sur l’empathie a démontré que, bien que les jeunes enfants ne parviennent pas toujours à comprendre le point de vue des autres, ils sont capables d’éprouver de l’empathie.
Cela explique pourquoi votre fille donnera un câlin à son frère quand elle s’aperçoit qu’il est triste, ou que votre fils donnera sa peluche à son copain quand il le voit pleurer.
Tandis que de nombreuses études suggèrent que les enfants sont capables de ressentir la détresse d’autrui dès l’âge de deux ans, ce n’est qu’à partir de quatre à cinq ans qu’ils commencent à comprendre le point de vue des autres.
Quoique vous ne puissiez pas forcer votre enfant à éprouver du remord pour son comportement, il faut lui apprendre qu’il ne peut pas toujours avoir ce qu’il veut. Vous ne pouvez pas obliger votre enfant de 2 ans à s’excuser, mais, il est beaucoup plus efficace de l’inciter à s’excuser.
Les deux choses ne sont guère semblables. Inciter votre enfant à s’excuser quand il blesse autrui lui apprend que certains comportements sont inacceptables.
Il existe de nombreuses façons pour inciter votre enfant à présenter des excuses : câlins, offrir un dessin de smileys, partage des jouets préférés, etc. Mais ce qui importe vraiment, c’est d’enseigner à votre enfant à être attentif aux sentiments d’autrui dès son plus jeune âge.
Quelques astuces pour encourager votre enfant de deux ans à s’excuser

Mettez l’accent sur la situation
Au lieu de se concentrer sur le fait de s’excuser ou non, mettez l’accent sur la situation. Expliquez la situation telle qu’elle est à votre enfant.
Si votre enfant vient de prendre tous les cookies et refuse de les partager avec sa sœur, vous ne devez pas les saisir pour les distribuer. Mettez-vous à son niveau et expliquer lui ce qui vient de se passer : « Tu as pris tous les cookies et ta sœur n’a rien. Elle aussi elle aimerait quelques cookies. Est-ce que tu peux partager tes cookies avec elle ? »
Votre enfant est plus susceptible de développer ses capacités d’empathie quand vous êtes chaleureux.
N’oubliez pas que même lorsque votre enfant fait du mal à un autre enfant, il va toujours penser que c’est lui la partie offensée et il ne va donc pas vouloir rendre les cookies qu’il vient de « gagner ». Dans ce cas, demandez-lui de vous donner les cookies.
Mettez l’accent sur la partie offensée

Votre fils vient d’attraper le jouet de son ami. Il ne veut plus lui rendre. Son ami pleure de toutes ses forces. Obliger votre fils de 2 ans à s’excuser, surtout quand il s’y oppose furieusement, ne sert à rien.
Ce que vous pouvez faire c’est se concentrer sur son copain. Présenter des excuses vous-même. Dites au copain que vous comprenez qu’il soit triste parce que son jouet a été enlevé. Dites-lui que vous ne savez pas pourquoi votre enfant a pris le jouet mais que vous êtes sûr qu’il va le lui rendre.
Ne prêtez pas attention à tous ceux qui vous entourent.
Comme il arrive souvent, votre enfant va saisir le jouet d’un autre ou avoir un autre comportement inacceptable en public, ce qui fait que vous vous sentez obliger de « faire quelque chose » parce que tout le monde regarde.
Lorsque votre réaction est liée au fait que vous êtes observé et jugé, cela risque de se terminer dans une lutte de pouvoir avec votre enfant qui se considère comme la victime.
Ne prêtez attention qu’à votre enfant et la personne lésée. Gardez votre calme. Lorsque vous restez calme, vous montrez à votre enfant que cette situation peut être résolue.
N’en faites pas un problème « moral »
Vous voudriez que votre fille sache qu’il ne faut pas prendre les jouets de ses amis sans leur permission et que son comportement blesse ces derniers. Vous voudriez qu’elle s’apitoie.
Or, à deux ans, ce message ne passera pas. Votre fille pense d’abord à elle-même. Si elle rend ce jouet, qu’aura-t-elle en échange ? Ce n’est rien d’alarmant, c’est simplement le comportement des enfants de cet âge-là.
Au lieu d’essayer d’en faire une question morale, privilégiez les réponses courtes et claires : « tape pas » Vous aurez le temps d’intégrer l’aspect moral quand votre enfant aura grandi
Il n’est jamais trop tôt pour commencer à aider votre enfant à identifier les différentes émotions.

Autour de l’âge de deux ans, les enfants commencent à comprendre que leur comportement peut influencer autrui et qu’ils peuvent utiliser certaines stratégies de régulation émotionnelle pour contrôler leur réaction dans des situations précises (par exemple éviter des situations déplaisantes).
Bien que les jeunes enfants ne puissent développer que des stratégies basiques, l’évidence suggère que parler à votre enfant des émotions peut le rendre empathique.
La première étape pour développer l’intelligence émotionnelle de votre enfant consiste à le familiariser avec les différentes émotions et les verbaliser à plusieurs reprises : « Je vois que tu es triste parce que tu voudrais garder tous les cookies pour toi. »
Il est aussi important d’apprendre à votre enfant à reconnaître les émotions d’autrui, dès leur plus jeune âge : « Ta sœur est triste parce qu’elle n’a pas de cookies. » Ne vous inquiétez pas s’il ne comprend pas tout. N’oubliez pas que plus vous verbalisez les émotions, plus il sera capable d’incorporer ces émotions.
Parfois, apprendre à vos enfants qu’il y a différentes manières de présenter des excuses peut être plus efficace que simplement attendre un « excuse-moi. »
Par exemple : « Je vois que ton copain est triste. Est-ce que tu veux lui faire un dessin ? » ou « veux-tu lui donner quelque chose pour qu’il se sente mieux ? » ou « Je pense qu’un câlin lui fera du bien. »
Répétez cela à plusieurs reprises et vous verrez qu’il sera plus facile pour votre enfant d’associer certaines émotions (tristesse, larmes) à certaines actions (câlins, le partage, etc..).
Quoique à deux ans les enfants n’ont pas encore maîtrisé leur capacité à éprouver de la sympathie, il n’est jamais trop tôt pour leur apprendre des comportements appropriés.
Références
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11405571
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-9507.1994.tb00032.x
http://psycnet.apa.org/record/1991-98578-004



Je partage tout à fait votre point de vue, merci pour cet article!
Maman de 3 filles de 5, 3 et 2 ans, j’ai toujours naturellement utilisé ces méthodes (décrire les situations, expliquer et chercher des solutions avec l’enfant) et quand je les vois grandir, je suis heureuse de voir qu’elles sont très empathiques et vraiment attentives aux autres.
Alors, certes, elles n’ont pas le comportement qu’un adulte souhaiterait (entendre “pardon” “merci” instantanément) mais moi je vois que ça résonne en elles et dans leur coeur, c’est le plus important!
Merci pour votre message et pour la preuve que cette méthode fonctionne!
Bonne journée
Bonjour,merci pour cet article,
Maman d’un garçon de 2 ans et demis , et j’ai quelque souci , a propos le père de mon enfant a été absent pendant quelques mois et depuis son retour , notre fils ne l’aime plus, il n’éprouve plus de sentiment envers lui, et que devrons nous faire
merci de votre aide
Merci pour votre commentaire. En réponse à votre question, il est tout à fait normal pour les enfants en bas âge de montrer une préférence pour un parent plutôt qu’un autre mais cela est souvent temporaire. Est-ce que le père de votre enfant passe des moments privilégiés avec son fils ? Passer des moments ensembles (ou créer quelques rituels en famille) peut aider à renforcer les relations entre eux. Bon courage !
Merci pour votre commentaire. J’ essaie de donner à ma petite fille une éducation bienveillante . Ma fille y tient beaucoup
Vos conseils sont précieux .
Merci d’avoir pris le temps de me lire et de m’écrire 🙂
Je suis tombée par hasard sur votre article, et j’ai justement un enfant de 2 ans. J’ai remarque que lui faire dire pardon n’arranger pas beaucoup le problème lui était toujours fâché et l’autre ne voulait pas lui pardonner donc ça ne menait à rien. Je vais désormais m’appuyer sur les émotions pour qu’il les reconnaisse et agisse de la bonne manière.
Merci!
Merci pour votre passage par ici 🙂