Après de nombreuses années passées à enseigner aux enfants à être «forts», nous savons aujourd’hui que les émotions des enfants comptent. Tout porte à croire que ce qu’on appelle un «mauvais comportement» n’est pas significatif d’un «bon» ou un «mauvais» enfant. Au contraire, quand votre enfant se comporte mal, c’est souvent le signe qu’il n’a pas encore appris à exprimer ses émotions difficiles de manière appropriée.
Par exemple, si votre gamin ne sait ni définir le sentiment d’anxiété ni comment cette émotion se manifeste dans son corps, il risque de s’effondrer chaque fois qu’il rencontrera une situation anxiogène. Mais tous les enfants ne réagissent pas de la même façon. Mordre, impulsivité, agressivité, violence et une timidité extrême sont également des expressions de la difficulté à gérer des émotions difficiles. Les émotions n’affectent pas seulement la façon dont votre enfant réagit; elles affectent aussi ce qu’il ressent dans son corps. Il n’est pas rare que votre enfant développe des maux de tête ou des maux d’estomac chaque fois qu’il doit se rendre à une leçon de natation ou juste avant la rentrée, si ces situations provoquent de l’anxiété pour lui.
Pourquoi faut-il renforcer l’intelligence émotionnelle de votre enfant? Parce que son incapacité à gérer ses émotions peut créer un effet domino sur d’autres aspects de sa vie. Les éléments de preuve disponibles suggèrent que l’incapacité des enfants à gérer leurs émotions est liée à un comportement impulsif, ce qui est néfaste pour leur développement social, scolaire et psychologique. Les enfants impulsifs sont plus enclins à s’engager dans des comportements risqués à l’adolescence et même à l’âge adulte.
La bonne nouvelle c’est que rien n’est plus simple que d’apprendre à votre enfant à apprivoiser ses émotions difficiles telles que la colère et l’anxiété. C’est un processus peu coûteux qui n’exige que rarement l’intervention d’un professionnel. Cela dit, apprendre à votre enfant à gérer ses émotions est un long processus dont les résultats ne sont pas toujours visibles à première vue.
Les données semblent indiquer que les styles parentaux ont un grand impact sur la capacité des enfants à contrôler leurs émotions. En d’autres termes, la façon dont vous validez – ou pas – les émotions de votre enfant influence sa capacité à gérer ces émotions, bien au-delà des années de l’enfance. Voici quelques pistes qui peuvent vous permettre de transformer votre langage afin de favoriser l’intelligence émotionnelle de votre enfant.
Ce que vous pourrez lui dire: Je suis là/est-ce que tu veux en parler/ tu te sentiras mieux après avoir pleuré /veux-tu un câlin?
Nous n’aidons pas nos enfants à développer leur intelligence émotionnelle lorsque nous invalidons leurs sentiments. Vous avez sans doute remarqué que dire à votre enfant « c’est rien » ne réduit pas ses larmes. Au lieu d’invalider les sentiments de votre enfant, dites lui que c’est normal de pleurer et montrez lui ce qu’il peut faire pour se sentir mieux – parler à quelqu’un, se distraire ou demander un câlin. Savoir réagir aux émotions difficiles est un aspect clé de l’intelligence émotionnelle.
Taquiner votre enfant n’éloigne pas ses craintes. Au contraire, il amplifie ces craintes et mène à l’émergence d’autres émotions secondaires. Par exemple, taquiner votre enfant parce qu’il a peur des chiens peut conduire à l’émergence d’un sentiment de honte (en plus de peur) chaque fois qu’il voit un chien.
Ce que vous dites à votre enfant : Qu’est-ce qu’il y a encore/ Quoi encore?
Ce que vous pourrez lui dire: Je sais que c’est frustrant. Veux-tu en parler ?
Votre enfant ne saura pas exprimer ses émotions s’il ne sait pas différencier les différentes émotions. N’oubliez pas qu’il existe de nombreuses stratégies adaptées aux jeunes enfants et facile à appliquer pour les aider à apprivoiser leurs émotions.
Il n’est jamais trop tôt pour commencer à travailler sur l’intelligence émotionnelle de votre enfant. En effet, les données disponibles suggèrent que même les plus jeunes enfants tirent des bénéfices lorsque leurs émotions sont prises en compte. Lorsque vous mettez des mots sur les émotions de votre enfant et proposez des façons appropriées pour exprimer ces émotions, vous l’aidez à développer son intelligence émotionnelle. Toutefois, ce qui marche avec un enfant de deux ans ne marchera pas forcément avec un enfant âgé de huit ans. Alors que les nourrissons et les tout-petits ont souvent besoin de notre intervention pour les aider à adopter des stratégies appropriées, les enfants plus âgés sont capables d’identifier des stratégies efficaces pour gérer leurs émotions par eux-mêmes.
Ce que vous dites à votre enfant : Tu m’as mis en colère
Ce que vous pourrez lui dire: J’étais en colère parce que…
Vous avez le droit d’être en colère à cause du comportement de votre enfant, mais c’est vous qui choisissez comment réagir.
Votre enfant ne vous met pas en colère – c’est vous qui choisissez cette réaction. Favoriser le développement de l’intelligence émotionnelle de votre enfant c’est lui apprendre qu’il est responsable de ses réactions.
Ce que vous dites à votre enfant : Pourquoi tu me fais crier?
Ce que vous pourrez lui dire: Je suis désolé d’avoir crié sur toi quand j’étais en colère. Je vais essayer de moins crier.
Votre enfant n’est pas responsable de la façon dont vous réagissez à son comportement, mais vous l’êtes. Blâmer vos enfants pour votre culpabilité ne fait que rendre plus difficile leur apprentissage pour gérer leurs émotions.
Votre enfant apprend à gérer ses émotions en regardant comment vous réagissez face à vos émotions. Vous pouvez crier, mais cela apprend à votre enfant que crier sur les autres (ou sur vous) est une réponse appropriée à ses émotions. Cela ne signifie pas toujours être un parent « parfait » mais simplement, être capable de reconnaître et de s’excuser pour nos réactions lorsque cela est nécessaire.
La capacité à comprendre les signaux de votre enfant et répondre de manière qui minimise la détresse peut l’aider à développer les compétences qui lui permettront de gérer ses émotions seul. Par exemple, certaines études suggèrent que distraire des jeunes enfants lorsqu’ils sont face aux situations difficiles peut leur apprendre à intégrer « la distraction » dans leur répertoire de compétences et ainsi les aider à développer la maîtrise de leurs émotions.
La vie quotidienne offre de nombreuses possibilités pour apprendre aux enfants à identifier et gérer leurs émotions. Par exemple simplement commenter les émotions quand vous lisez un livre ensemble (ou lorsque vous regardez la télévision) – « il a l’air triste » « pourquoi penses-tu qu’elle est si en colère ? » – peut aider votre enfant à apprivoiser ses émotions.

Références scientifiques
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18426539
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3034150/
https://link.springer.com/article/10.1023/A:1023622324898
Nous aspirons tous et toutes d’être de bons parents. Merci pour votre précieuse aide.
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